20 personnes sur un quai de gare

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Jeudi 27 mars 2014, 06h44’, point d’arrêt non gardé de Spa-Géronstère, terminus de la ligne 44. Une vingtaine de personnes attendent, dans le froid de ce matin de printemps, l’arrivée du train de 06h47’. Celui-ci se présente généralement 5 à 6 minutes avant l’heure de départ, le conducteur devant changer de poste de conduite pour repartir vers Verviers et Welkenraedt.

06h47’. Le silence est juste perturbé par quelques timides chants d’oiseaux, et de rares bruits qui semblent venir de camions dont le chargement non ou mal arrimé jouerait les grosses caisses et les cymbales tout à la fois. S’entendent aussi plusieurs avions de ligne, dont le bruit « ronflant », légèrement similaire à celui d’un train circulant à faible allure, fait de temps à autre sursauter l’une ou l’autre personne, la tirant de la semi-torpeur dans laquelle la plongent le froid et la résignation résultant d’une longue habitude des aléas du transport ferroviaire.

06h55’. Le silence, toujours. Un raclement de pieds de temps à autre. L’information que tous attendent ne vient pas. Spa-Géronstère est équipé de matériel de sonorisation en état de fonctionner. Crainte d’user ce matériel ? Mépris des quelques voyageurs de bout de ligne ? Désintérêt général pour les petites lignes ? Qu’importe, l’annonce attendue ne vient pas. Et chacune, chacun s’interroge : « Que se passe-t-il ? Pourquoi ce retard ? Combien de temps cela durera-t-il encore ? Pourrais-je attraper ma correspondance ? Arriver à l’heure au cours, au bureau ? »

07h06’. Aucune annonce. Mais un bruit caractéristique fait se tourner toutes les têtes. Le train se présente à la sortie de la courbe. Enfin. Les portes s’ouvrent. Les voyageurs embarquent.
07h09’. Le train démarre. Le conducteur a fait vite.
07h13’. Le train quitte la gare de Spa. Et les voyageurs entendent enfin la première annonce. Des problèmes de caténaires entre Welkenraedt et Verviers ont fortement perturbé le trafic ce matin. Le train accuse actuellement un retard de 25’. Une correspondance pour Liège sera assurée en gare de Verviers-central.

Était-ce si difficile à dire ? Pourquoi avoir laissé 20 personnes dans l’ignorance durant près d’une demi-heure ? Pourquoi ne pas avoir fait d’annonce aux micros à l’arrêt de Spa-Géronstère ? Le manque d’information est un des aspects les plus frustrants, les plus difficiles à vivre des retards ferroviaires.

Peut-être est-ce verser dans la paranoïa, dans le méchant procès d’intention, mais il est difficile de ne pas voir dans ce genre d’épisode, dès lors qu’il se répète, une volonté sous-jacente de créer un certain dégoût chez les utilisateurs des « petites lignes », celles-là même qui, dans le futur plan de transport, subiront des suppressions de trains en début et en fin de journée.

Service public… l’expression deviendrait-elle tout doucement taboue ?