Big Jump et qualité de l’eau

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Septembre est là, les vacances sont derrière nous. Les maillots sont rangés. Ils n’ont probablement pas beaucoup servi dans les rivières wallonnes. Coupable : la météo de l’été 2007. Trop de pluie… Pourtant, le nombre de jours de pluie, de même que la quantité des précipitations étaient normales [[Les normales climatologiques sont traditionnellement données sous la forme de valeurs moyennes calculées sur une période de trente ans. Lorsqu’un phénomène est égalé ou dépassé en moyenne une fois tous les 6 ans, on le dit anormal ; 10 ans, très anormal ; 30 ans, exceptionnel et 100 ans, très exceptionnel.]] pour la saison. Les étés « tempérés » en Wallonie sont donc la norme en Wallonie… ce n’est pas nouveau. Et les rivières polluées? Analyse.

C’est un paradoxe dont on se passerait bien. Plus d’eau de pluie, donc a priori plus d’eau claire engendre plus de pollution ?
La pluie qui ruisselle dans nos systèmes d’égouttage unitaires [[Ne séparant pas les eaux usées des eaux de ruissellement (toitures, voiries). Si une telle séparation existe, on parle de système séparatif.]] gonfle les débits habituels des eaux usées. Double conséquence : les eaux usées sont diluées et les capacités de stockage des stations d’épuration sont dépassées. Or ces 2 points concourrent à la pollution des rivières. En effet, dans le premier cas, la dilution entraîne une chute des rendements des stations d’épuration. Les microorganismes supportent mal d’être nourris d’une soupe trop claire ! Dans le second cas, les débits entrant dans la station sont supérieurs aux débits de traitement, et très vite, le débordement menace. Dans ce cas, des bassins de stockage sont remplis, et lorsqu’ils sont pleins, toutes les eaux qui continuent d’entrer dans la station sont dirigées directement vers la rivière et… les contaminent.
Mais ce n’est pas tout : il faut ajouter les pollutions diffuses ! Les longues périodes de pluie sont propices au ruissellement d’eau à la surface du sol, emportant des particules et des bactéries fécales, notamment depuis les zones de concentration du bétail. Résultat : les eaux des rivières sont brunes, chargées de particules en suspension et de bactéries pathogènes.

Baignade interdite

Voilà pourquoi, lors du Big Jump et pratiquement tout l’été, la qualité des rivières était non conforme à la baignade.
La conformité pour les eaux de baignade repose uniquement sur des critères bactériologiques. La référence est la directive européenne 2006/7/CE « Eaux de baignade ». La qualité est insuffisante quand les dénombrements bactériens montrent qu’il y a plus de 900 Escherichia coli et plus de 330 entérocoques intestinaux présents dans 100 ml d’eau (évalués au percentile 90). La qualité est excellente quand il y a moins de 500 Escherichia coli et moins de 200 entérocoques intestinaux (évalués au percentile 95).
Un exemple ? Quelques chiffres ? Dans le cadre du Big Jump, chaque site a été échantillonné le 25 juin 2007 et les eaux ont été analysées.
Tous les sites en rivière (Meuse, Vesdre, Petite Ghette, Lesse, Semois, Ourthe), présentent une eau de qualité insuffisante, non conforme à la baignade. Regardez les résultats ci-dessous, et vous verrez qu’il y avait largement plus de 900 Escherichia coli dans les rivières… il y en avait jusqu’à 85 fois plus !
Seuls 3 sites sur les 11 analysés présentent une eau d’excellente qualité. Il s’agit des 3 sites en plans d’eau…

Qualité insuffisante

Les valeurs sont données en MPN/100ml (most probable number : Indice basé sur les lois statistiques qui représente le nombre évalué de micro organismes présents dans 100 ml d’eau). Prélèvements le 25 juin 2007.

La qualité de l'eau en Région wallonne au mois d'août
La qualité de l’eau en Région wallonne au mois d’août

L’amélioration est possible !

Le lien avec la météo ne doit pas nous rendre fataliste. Des exemples de reconquête de la qualité existent, notamment le long de l’Elbe, où un ambitieux programme de renaturation porte ses fruits. Le programme « Elbe vivante », de l’association environnementale allemande Die Deutsche Umwelthilfe a notamment permis d’obtenir une qualité d’eau suffisante pour la baignade. Des milliers de personnes ont fêté le Big Jump 2005 en sautant dans les eaux de ce fleuve, qui, en 1989, présentait encore des niveaux de pollutions extrêmes.