Bonne nouvelle : des moyens publics pour améliorer la qualité de l’air wallon

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Ce jeudi 22 novembre, le Gouvernement wallon annonçait un montant de 1.684.635 € pour financer des mesures en matière de qualité de l’air et pour approfondir les connaissances en matière de pollution atmosphérique en Wallonie(1). A Pour ce faire, la Région Wallonne octroie une subvention pour l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP), qui mènera ces projets en partenariat avec l’Agence wallonne de l’air et du climat (AwAC). Elle ventile ce montant en 8 mesures/études. Dans les semaines à venir, l’ISSeP devra mettre en place un plan de travail afin de préciser les objectifs de mise en œuvre de ces mesures.

Les différents dispositifs pressentis sont intéressants car une surveillance adéquate de la qualité de l’air ambiant est indispensable dans la lutte contre la pollution de l’air. Ils s’inscrivent en complémentarité avec d’autres outils tels que le décret relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée à la circulation des véhicules thermiques adopté au Gouvernement Wallon ce jeudi 22(2).

Parmi les 8 mesures, 2 retiennent particulièrement notre attention. D’une part, la mise en place d’un réseau de mesure via des micro-capteurs pour un budget d’un peu plus de 450.000 euros. D’autre part, la réalisation d’une étude d’impact environnemental d’implantation de deux zones basses émissions (ZBE) sur le territoire wallon pour un budget de 200.000,00€.

Mesure via micro-capteurs

L’objectif de cette mesure est la mise en place d’un réseau de micro-capteurs qui complète et affine les données prélevées via le réseau fixe actuel (NO, NO2, O3 et PM). Ces micro-capteurs seront directement reliés au serveur de l’ISSEP et enverront les mesures au minimum une fois par heure.

Se pose la question de la portabilité de ces capteurs : vont-ils être installés à des endroits fixes et/ou vont-ils êtres mobiles ? Dans tous les cas, il serait intéressant d’impliquer les citoyens dans ce processus. En leur donnant aisément accès aux informations, leur implication permettrait d’assurer une sensibilisation continue d’une partie du public. Par ailleurs, il est impératif de s’assurer que ces micro-capteurs soient dispersés de manière stratégique. Ils doivent pouvoir couvrir des endroits diversifiés en particulier les lieux où la qualité de l’air est impactée : il faut qu’ils puissent aussi bien mesurer les niveaux de pollution près des habitations de périphérie que les lieux dans et à proximité des grands sites industriels ou des principales voies de circulation urbaines.

Zones Basses Émissions

Une étude d’impact environnemental d’implantation de deux ZBEs va être réalisée afin d’objectiver l’impact de ces zones, convaincre l’ensemble des protagonistes de l’utilité du projet et définir la zone la plus propice pour l’implantation de la zone.

Bien que l’implantation de Low Danger Zones (LDZ) soit plus objective que celle de ZBEs(3), IEW est convaincu de la plus-value de ces ZBEs en comparaison du maintien de la situation actuelle. Cette étude d’impact est donc un bon début mais il est important qu’elle ne soit pas conduite de manière isolée en amont de la mise en place des ZBEs. Afin de renforcer la légitimité et la pertinence de ces zones à moyen et long terme, il sera nécessaire de débloquer d’avantage de budgets afin d’évaluer les réels bénéfices que celles-ci auront sur la santé. Il est primordial de pouvoir disposer de chiffres fiables avant l’implémentation de la mesure et d’en faire un suivi régulier pour évaluer de manière objective les résultats d’une telle mesure. Si le Japon avec les villes de Tokyo et Osaka dispose de tels outils(4), il n’y a, à notre connaissance, aucune étude de la sorte actuellement en Europe.

En conclusion, IEW salue l’adoption par le gouvernement du « projet de décret relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée à la circulation des véhicules  » et l’octroi à l’ISSeP de près de 1,7 millions d’euros pour la mise en place de 8 projets visant à améliorer les mesures de qualité de l’air et à renforcer la sensibilisation en ce domaine. Ceci étant, la présence dans le parc automobile de véhicules neufs dépassant très largement les normes d’émissions officielles continue à poser question : ces véhicules réduiront l’efficacité des zones de basses émissions. Tout devrait donc être mis en œuvre pour obliger les constructeurs à les mettre en conformité par rapport aux normes en vigueur au moment de leur vente.

(1) http://diantonio.wallonie.be/home/presse–actualites/publications/qualite-de-lair-en-wallonie-mieux-mesurer-pour-mieux-agir.publicationfull.html

(2) http://diantonio.wallonie.be/home/presse–actualites/publications/lutte-contre-la-pollution-atmospherique—zones-de-basses-emissions–moins-de-vehicules-polluants-en-wallonie.publicationfull.html

(3) Concept développé IEW et l’asbl Parents d’Enfants Victimes de la Route (PEVR): on définit l’accès des voitures à ces zones sur base de la masse et de la puissance des voitures (données fiables, contrairement aux émissions officielles de polluants). Voir : https://www.canopea.be/IMG/pdf/iew_pevr_111207_low_danger_zone.pdf]]

(4) Yorifuji T1, Kashima S, Doi H (2012). Fine-particulate Air Pollution from Diesel Emission Control and Mortality Rates in Tokyo: A Quasi-experimental Study. [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27479647

Audrey Lebas

Anciennement: Mobilité