Clôture du salon de l’auto 2023: élection de la voiture européenne de l’année par Canopea sur fond d’un triomphe de la déraison

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Ce 22 janvier 2023 se clôturait la centième édition du Salon de l’Auto de Bruxelles. Une édition emblématique des tendances et dérives du marché automobile. À l’occasion de cet anniversaire symbolique, le Salon accueillait l’élection de la « voiture européenne de l’année » dont le jury est composé d’une soixantaine de journalistes spécialisés posant leur choix en fonction de critères propres à leur métier. C’est sur base de la présélection de ce jury que la fédération Canopea propose aujourd’hui « sa » voiture européenne de l’année.

Première édition post-Covid et centième anniversaire : le Salon 2023 constituait un fameux défi pour ses organisateurs. Qui se félicitent d’avoir drainé 271.000 visiteur·euse·s. Voilà en effet de quoi rassurer le secteur : le mythe automobile se porte toujours bien. Une part importante de la population continue à entretenir des relations plus émotionnelles que rationnelles avec la voiture 1 . Le Salon – et la publicité automobile d’une manière générale – a pour vocation de renforcer ce phénomène afin que les constructeurs puissent faire évoluer le marché automobile dans le sens qu’ils souhaitent.

Le marché automobile : un pilotage irresponsable

Lorsqu’on évoque l’évolution du marché automobile, on pense naturellement à l’émergence récente des motorisations alternatives (hybrides et électriques en tête). Mais une autre tendance lourde, une tendance « de fond » à l’œuvre depuis une vingtaine d’années, caractérise le marché : l’accroissement de la masse, de la puissance, de la vitesse de pointe et de l’agressivité de la face avant des voitures. Tendance pilotée de main de maître par les constructeurs, lesquels promeuvent à tout va les modèles de type SUV. Soit les modèles sur lesquels les marges bénéficiaires sont les plus confortables. Cette évolution du marché nuit tant au bilan environnemental de l’automobile qu’à la sécurité routière. C’est pour tenter de contrer cette dérive que Canopea et l’asbl Parents d’Enfants Victimes de la Route (PEVR) ont proposé, dès 2014, le concept de LISA Car (light and safe car : voiture légère et sûre).

Ces dernières années, l’hybridation et l’électrification ont renforcé la tendance à l’accroissement de la masse et de la puissance. Ainsi, alors que la masse moyenne des voitures neuves vendues dans notre pays a augmenté de 6,6% sur la période 2001-2019, elle a bondi de 4,1% entre 2019 et 2020 malgré un taux de pénétration modeste des motorisations alternatives en 2020 (électrique : 3,5%, hybride rechargeable : 7,3%, hybride : 3,7% 2).

L’anti-LISA Car Awards : les critères

Face à une offre qui, tout à la fois, s’étoffe et s’uniformise (les petites voitures disparaissent des catalogues tandis que toutes les autres se « SUVisent »), comment opérer une sélection de la voiture la plus représentative des dérives dénoncées ici ? Canopea a choisi de partir sur les mêmes bases que le jury de journalistes chargés de désigner la « voiture européenne de l’année ». Les 7 véhicules présélectionnés par le jury sont tout à fait représentatifs des évolutions évoquées ci-dessus : 5 SUV, une grosse berline avec des airs de SUV et un combi. Nous avons donc tenté d’identifier, dans cet échantillon, le véhicule « le plus » sur différents tableaux : le plus lourd, le plus puissant, le plus rapide, le plus volumineux, le plus agressif et celui – pour les 5 véhicules électriques – dont la batterie est la plus grosse. Véhicule « le plus » qui est aussi « le moins » : le moins conforme au concept de LISA Car.

Le choix fut ardu, les constructeurs ayant une tendance marquée à la surenchère … L’échantillon de 7 véhicules sur lequel a travaillé Canopea est particulièrement représentatif de cette surenchère. En raison de la diversité des prix annoncés (de 36 000 à 63 000 €, cette fourchette de prix étant en elle-même représentative des dérives du marché), Canopea a décidé de créer deux catégories : moins et plus de 50 000 € – et donc de récompenser deux lauréats.

L’anti-LISA Car Award : les lauréats

Dans la catégorie moins de 50 000 €, c’est la KIA Niro que nous tenons à distinguer. Voiture à la fois lourde et puissante, elle présente aussi une importante surface frontale 3

Dans la catégorie plus de 50 000 €, c’est la Subaru Solterra qui remporte la palme pour des raisons analogues. Vu son prix plus élevé, elle surpasse bien sûr la lauréate de la catégorie moins de 50 000 € : malgré sa masse supérieure à 2 tonnes, cette voiture accélère de 0 à 100 km/h en 6,9 secondes.

Il est utile de rappeler ici que la voiture préférée des Belges en 2020, en 2021 et en 2022 a été, selon la FEBIAC, la Citroen C3. En 2022, ses deux dauphines étaient la Dacia Sandero et la Toyota Yaris. Trois voitures dont les gabarits et les performances sont bien plus raisonnables que ceux de nos lauréats tout en étant conformes aux besoins objectifs de mobilité de la plupart des citoyen·ne·s de notre pays.

La Citroen C3 la plus modeste est notamment caractérisée par un prix catalogue (18 490 €) presque deux fois inférieur au bas de la fourchette de prix des 7 véhicules présélectionnés par le jury de la voiture européenne de l’année. Ses caractéristiques sont également nettement plus raisonnables que celles de nos deux lauréats.

Le grand prix du haut-le-cœur du jury

Un véhicule présenté au Salon a provoqué un profond dégoût au sein du jury de Canopea. Véhicule de l’excès, du superlatif : le RAM 1500, dont le prix avoisine les 150 000 euros. Une surface frontale de 3,98 m², une masse de plus de 2 300 kg et une puissance de 516 kW associées à une agressivité flagrante de la face avant (voir photo) : ce véhicule constitue une incarnation de l’excès qui conduit nos sociétés à la catastrophe environnementale.

Contact presse :

Pierre Courbe, chargé de missions « Mobilité », +32 471 26 06 24

Ne manquez pas la campagne Salon de l’auto« Cette année, ne vous laissez pas rouler » de Canopea et la vidéo qui résume la campagne tournée en partie au salon


  1. Fin 2021, Canopea réalisait un sondage auprès de 779 Wallon·ne·s. 62% des personnes interrogées étaient d’accord avec l’affirmation « la voiture n’est pas que un objet de mobilité ».
  2. Source : ACEA
  3. La surface frontale étant ici définie comme le produit de la largeur par la hauteur du véhicule

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