Evaluation du plan ENVIeS : propositions pour aboutir

You are currently viewing Evaluation du plan ENVIeS : propositions pour aboutir

Au cours de l’année 2021, Canopea a rassemblé autour de la table de nombreux acteurs pour évaluer l’état d’avancement du Plan Environnement et Santé (ENVIeS) de la Wallonie. Ces rencontres nous ont permis de constater que, même si plusieurs actions clés ont déjà été mises en place, le chemin à parcourir est encore long. Si nous accueillons positivement ce processus d’évaluation mi-parours, nous espérons qu’il accouchera sur un plan 2024-2028 à la hauteur des défis actuels et des nouvelles connaissances scientifiques.

Dans une nIEWs précédente (Il est temps de tirer son plan (ENVIeS)), nous vous avions présenté le plan ENVIeS ainsi que les premières réflexions issues de notre travail. Nous consacrons la présente nIEWs à la présentation des conclusions générales de notre rapport final que vous trouverez ICI.  

Le processus

Nous avons constitué des groupes de travail pour aborder les différentes thématiques du plan. Au fil de l’année, une dizaine de rencontres ont été organisées, rassemblant le secteur industriel, les professionnels de santé, les secteurs académique, associatif et des citoyen. Nous avons combiné les expertises de chacun pour développer des actions et propositions concrètes pour la suite.

De ces échanges sont nés des réflexions sur le plan de manière général ainsi que sur les actions spécifiques aux thématiques (e.g. qualité de l’air, substances préoccupantes,…).

Commentaires généraux

En ce qui concerne les commentaires généraux, ils ne diffèrent pas énormément de ce qui avait été souligné dans la nIEWs précédente. On note par exemple le besoin d’améliorer la communication autour de ce plan afin de lui donner plus de visibilité et souligner son avancement. Nous pensons aussi que le plan manque d’actions concrètes et, surtout, d’objectifs quantifiables. Finalement, une réflexion doit être menée afin d’améliorer la transversalité entre les actions, ou à tout le moins, mettre en avant les co-bénéfices entre les thématiques. Par exemple, une amélioration des espaces verts contribue aussi aux objectifs climatiques.   

Sur base de ces constats, il nous parait intéressant de développer un espace/une plateforme dédié à la santé-environnement en Wallonie (soit via le site de la CPES, soit via un autre organisme). Cet espace pourrait avoir les objectifs suivants :

  1. Fournir une indication de l’avancement du Plan (en temps réel) ; par exemple via une liste des actions prévues et des liens hyperlink vers les actions en cours ou déjà réalisées.
  2. Faire la promotion des actions en cours/déjà réalisées ; par exemple via des petites vidéos explicatives des projets, des fiches projets, …
  3. Espace de rencontre entre les différents acteurs, notamment via
    1. L’organisation d’événements
    1. Un inventaire des acteurs actifs en santé environnement

Commentaires spécifiques

De nombreuses actions sont proposées dans le plan. Certaines ont déjà été effectuées, d’autres sont en cours, mais beaucoup sont au point zéro. L’ensemble de nos commentaires est disponible dans le rapport complet (voir ci-dessus). Nous vous partageons ici les grandes tendances qui concernent principalement l’axe 1 et 2 du plan :

Environ 46% des objectifs stratégiques proposés N’ONT PAS d’actions concrètes définies pour les atteindre.

  • Trois thématiques sortent clairement du lot et méritent une attention particulière :
    • Substances préoccupantes : sur les 20 objectifs proposés dans cette section, 14 N’ONT PAS d’actions associées (soit un ratio de 70%).
    • Alimentation, seul 1 objectif sur les 5 montre des actions concrètes (80%).
    • Changements climatiques : 3 des 4 objectifs n’ont pas d’actions (75%). En plus d’un manque d’actions concrètes, cette section soufre d’un manque d’objectifs ambitieux et en accord avec la réalité de la crise climatique et des ces impacts sur le secteur de la santé.
  • Au contraire, le plan se montre assez exhaustif en ce qui concerne la qualité de l’air intérieur et extérieur, 1 seul objectif sur les 21 est « vide » d’actions.

Il reste donc un travail à fournir pour consolider le prochain plan et s’assurer qu’il atteint ses objectifs, notamment par la formulation de nouvelles actions.

Moins de la moitié des actions ONT été réalisées ou sont en cours de réalisation.

  • Trois thématiques – pollution visuelle, alimentation et changements climatiques – sont à la traîne : le plan comprend peu d’actions pour celles-ci et aucune n’a été réalisée.
  • La Région a fait un gros travail sur la qualité de l’eau et les substances préoccupantes. Même si, comme expliqué plus haut, plus d’actions devraient être développées pour la deuxième thématique, un grand pourcentage des actions proposées a été réalisé.
    • Sur les 14 actions pour améliorer la qualité de l’eau, 7 ont été réalisées (ou sont en cours)
    • Pour les substances préoccupantes, 5 actions sur les 9 vont dans la bonne direction.
  • Etonnamment, peu de projets ont été conduits dans le cadre des objectifs de la qualité de l’air intérieur et extérieur (seuls 1/3 des projets a été lancé).

Au-delà de la rédaction de fiche et l’élaboration de plan, il est essentiel de passer à l’étape d’après : la concrétisation dudit plan. Cela passe par l’engagement et la mobilisation des acteurs concernés. La création d’un espace de rencontre et d’échange entre les acteurs et de mises à jour de l’avancement de la santé environnementale en Wallonie, pourrait catalyser les énergies et favoriser la mise en application du plan.

Décalage entre le contenu de plan et les connaissances actuelles

Depuis 2018 les réalités et connaissances scientifiques ont évolué. Nous observons une disparité entre les ambitions exposées dans le plan et celles nécessaires pour relever les défis en santé environnement.

Par exemple, les objectifs/actions proposés pour la qualité de l’air ne sont pas à la hauteur des nouvelles recommandations de l’OMS (2021). Un autre exemple : la section « changements climatiques ». Elle est vague et imprécise et semble déconnectée de la réalité des conséquences du dérèglement climatique sur la santé.

Cela peut être expliqué par le fait que d’autres plans – tels que le Plan Air Climat Energie– proposent une liste d’actions qui couvrent en partie ces thématiques.

Pour toutes ces raisons, nous saluons cet exercice d’évaluation mi-parcours essentiel à l’élaboration du nouveau plan et à sa bonne mise en application.


Aidez-nous à protéger l’environnement,
faites un don !