Début septembre 2025, la société civile belge mettait la pression sur le gouvernement fédéral afin de renforcer, sans attendre, la réglementation des produits mis sur le marché afin que nous cessions d’être exposés quotidiennement aux PFAS1. Interdire l’utilisation des polluants éternels dans les biens que nous consommons, voilà ce que nous demandons.
Une telle interdiction aura non seulement pour effet de limiter notre exposition en tant que consommateurs, mais également de réduire les potentiels rejets industriels contaminants nos ressources. Pour l’instant, la collectivité paie les pots cassés du manque de régulation en amont : traitement de l’eau polluée pour la potabiliser, soins de santé des personnes massivement contaminées, projets de recherche pour identifier les pistes de solutions, … Quelle politique souhaitons-nous favoriser ? Celles du « pollueur-payeur » ou bien du « pollué-payeur » ?
Les secteurs industriels (potentiellement) concernés
Si la gestion des émissions de gaz à effet de serre semble faire consensus auprès des acteurs économiques, la gestion des substances chimiques n’est encore que très peu intégrée aux stratégies de durabilité des entreprises. Face à ce constat, le SPF économie commandait une étude (2023) afin d’identifier l’utilisation des PFAS2 en Belgique d’une part et d’évaluer les mesures politiques potentielles favorisant leur substitution d’autre part.
Pour cette étude, le marché belge des PFAS a été divisé en 12 filières de production3, couvrant l’essentiel des utilisations et applications industrielles de PFAS en Belgique. Cette étude conclut que, parmi l’ensemble des industries passées sous la loupe, trois quarts de l’utilisation (connue) des PFAS sont dans les mains de trois secteurs d’activité : le médical, le textile et les CVCR (Chauffage, Ventilation, Climatisation et Réfrigération). Ceux-ci rassemblent ainsi plus de 75 % de du volume total PFAS utilisé en Belgique (c’est-à-dire 8 330 t/an)4.
Voici la répartition des quantités de PFAS utilisées selon les 12 secteurs identifiés par les auteurs de l’étude :

Le rapport précise également les leviers politiques à actionner selon l’existence ou non d’alternative. Comme nous pouvons le voir dans l’infographie suivante, de nombreuses filières de production pourraient déjà se voir appliquer des mesures de restriction au regard des alternatives existantes sur le marché. Certains secteurs font quant à eux face à des alternatives limitées et les actions de Recherche et Développement (R&D) sont donc à encourager. Enfin, certains secteurs ne connaissent actuellement aucune alternative viable pour maintenir leur activité et impliquent une vigilance accrue pour réduire les émissions de PFAS en attendant que la R&D n’offre des pistes probantes.

NB : les secteurs « cosmétiques » et « ustensiles de cuisine » ont été ajoutés dans cette infographie afin de tenir compte des conclusions du rapport
La timidité des acteurs industriels
L’étude du SPF Economie précise que la substitution est parfois engagée dans des secteurs pour lesquels des alternatives viables et efficaces sont disponibles (peintures et revêtements, papiers, cartons, emballages, etc.), mais dans d’autres (dispositifs médicaux, équipements de protection individuelle), il reste encore du chemin à parcourir.
Cette inaction est parfois due à la méconnaissance et au manque de transparence concernant les PFAS présents dans la chaîne d’approvisionnement, au manque de connaissances actuelles sur les alternatives viables, ou à l’absence de ces dernières.
Face à ce manque de connaissance des acteurs industriels, une question simple se pose. Pourquoi ne pas faire en sorte que chaque entreprise potentiellement utilisatrice de PFAS analyse ses rejets industriels afin de déterminer la présence ou non de PFAS dans son activité ? Vu l’ampleur qu’a prise cette contamination, on peut en effet espérer qu’une majorité d’acteurs industriels analysent spontanément leurs rejets afin d’agir en conséquence.
A ce jour, aucune preuve rendue publique ne permet d’affirmer que le devoir de vigilance est appliqué. Aucune information n’est communiquée par les acteurs industriels quant à leurs émissions. La crainte, légitime, de s’attirer les foudres de l’opinion publique en cas de contamination avérée autour de l’usine semble prendre le dessus sur la transparence.
Face à cette crainte, compréhensible, ne serait-il pas temps que l’ensemble des contaminations industrielles soient communiquées en même temps ? D’une part pour éviter qu’une entreprise soit stigmatisée individuellement, d’autre part pour permettre une dynamique collective et un partage des bonnes pratiques entre acteurs concernés.
L’opportunité du permis d’environnement
Pour exercer son activité, une entreprise est tenue de respecter une série de conditions afin de limiter son impact sur l’environnement. Certaines conditions sont dites « générales » lorsqu’elles concernent l’ensemble des activités existantes. D’autres sont dites « sectorielles » et ne s’appliquent qu’aux activités d’un secteur pour lequel un risque particulier est identifié pour l’environnement ou pour l’homme. Dans certains cas, des conditions « particulières » peuvent venir ajouter certaines exigences spécifiques à la situation propre d’un établissement donné.
Actuellement, une entreprise wallonne (potentiellement) utilisatrice de PFAS n’est pas tenue d’en analyser la teneur dans ses rejets industriels (air ou eaux usées). Il n’existe en effet, à ce stade, aucune norme d’émission à respecter, qu’il s’agisse des conditions générales ou sectorielles. De plus, rien ne contraint une entreprise à renseigner l’utilisation de PFAS dans son permis d’environnement. Autrement dit, nous ne sommes actuellement pas en mesure de connaître l’ensemble des industries utilisant et/ou émettant des PFAS.
Face à ce manquement, une nouvelle règle est d’application dans le cas où une entreprise, suspectée de rejeter des PFAS, souhaite renouveler son permis d’environnement5. En effet, depuis peu, chaque entreprise wallonne est tenue d’analyser la concentration de 28 PFAS dans ses rejets d’eaux usées durant la première année du renouvellement de permis6. Chaque PFAS monitoré est associé à une valeur-seuil spécifique7. Si un dépassement est constaté à l’issue des 12 mois, l’exploitant doit demander au SPW8 d’intégrer des conditions particulières au sein de son permis. Celles-ci prennent la forme de valeur limite d’émission (VLE) que l’industriel est tenu de ne pas dépasser. Dans le cas où aucun dépassement n’est identifié à l’issue des 12 mois, l’entreprise n’est pas tenue de poursuivre le monitoring, à l’exception des PFOS et PFOA qui doivent être analysés trimestriellement jusqu’à échéance du permis.
Cette mesure contraignante et assurant une meilleure connaissance ne concerne que les entreprises en renouvellement de permis. Au rythme actuel, il faudra donc 20 ans, à compter d’aujourd’hui, pour passer en revue l’ensemble des rejets industriels wallons.
Au-delà du fait que ce délai d’attente soit trop long, cette mesure est limitée à quelques molécules parmi une famille de plus de 10 000 substances9. En 20 ans, les connaissances (éco)toxicologiques des PFAS se seront davantage enrichies. Il est donc fort à parier que la liste des substances PFAS jugées à risque (actuellement dénombrées à 28 substances en Wallonie) aura augmenté. Afin d’éviter la bombe à retardement, il nous semble judicieux d’imposer, dès maintenant, des analyses PFAS « non-spécifiques » donnant une estimation de la présence en PFAS au sens large sans cibler uniquement quelques molécules. Si certains indicateurs, tels que l’AOF (cfr. paragraphe ci-dessous) permettent d’offrir un « signal d’alerte » préalable à moindre coût, il convient également de monitorer les PFAS à chaines ultra-courtes non détectables par ce type d’analyse.
Il serait également pertinent que les premières observations récoltées lors des procédures de renouvellement de permis aboutissent rapidement à des conditions sectorielles et/ou générales pour limiter au plus vite la contamination des ressources.
La « gestion » de la pollution
Quelques avancées du côté de nos voisins français
La France était, jusqu’il y a peu, confrontée au même manque de données pour agir concrètement et limiter ainsi la contamination diffuse autour des industries. Face à ces lacunes, un arrêté (20 juin 2023) oblige l’ensemble des entreprises considérées « à risque » d’analyser 20 PFAS10 dans leurs rejets d’eaux usées. C’est ainsi que 2 700 installations industrielles11 ont participé à ce monitoring environnemental.
Près de 60% des établissements ayant effectué leurs analyses ont détecté des PFAS dans leurs rejets12. Il s’agit donc d’une pollution pouvant être qualifiée de « diffuse ». Néanmoins, « seulement » 146 sites testés sont considérés comme fortement émetteurs. 5,4% des installations seraient ainsi responsables de plus de 99% des rejets quantifiés. Il s’agit là de producteurs connus de PFAS (Arkema, Solvay, Chemours), de producteurs de principes actifs pharmaceutiques (Finorga), des industries effectuant la synthèse de pesticides et/ou de médicaments, le traitement de surface des métaux, le recyclage et le traitement des déchets, les sites utilisant des mousses anti-incendie contenant des PFAS, …
Depuis mars 2025, ces données ont été rendues publiques (voir cartographie) et permettent enfin d’identifier les lieux de contamination ainsi que les secteurs d’activité émetteurs. Des données nécessaires pour appliquer les mesures de prévention/protection adéquates.

L’ensemble des secteurs concernés par ce monitoring est repris en Annexe.
Eaux contaminées, quels exutoires ?
Sur cette cartographie, notons la distinction faite entre les ronds et les carrés selon l’exutoire du rejet des eaux usées industrielles. Dans certains cas, le rejet se fait directement vers le milieu naturel, dans d’autre vers une station d’épuration. L’étude de Génération Future montre que 21 % des entreprises déversent leurs effluents dans des stations d’épuration urbaines, non conçues pour traiter les PFAS.
Le territoire wallon dispose de 450 stations d’épuration publiques (STEP) dont la mission est d’épurer les eaux usées issues des diverses activités humaines : ménages, industries, secteur tertiaire, ruissellement, etc. Et « il arrive que des industries utilisent dans leur process des matières premières contenant des PFAS, de sorte qu’une partie de ces derniers puisse se retrouver notamment dans les eaux usées issues du process. Il est clairement établi également que les rejets domestiques contiennent des PFAS »13.
En Wallonie, une entreprise dispose de trois options pour évacuer ses eaux usées :

Selon la SPGE, 350 entreprises wallonnes sont raccordées à une STEP publique et font l’objet d’un CAI (Contrat d’assainisement industriel). A termes, il devrait y avoir 700 entreprises concernées. Les autres entreprises rejettent leurs eaux usées soit directement vers l’environnement (cours d’eau, …), soit vers leur propre station d’épuration.
A l’issue d’un long processus de traitement (dégrillage, dessablage, déshuilage, décantation, …)14, l’eau usée quitte la station d’épuration sous forme d’eau épurée d’une part et de boues d’épuration d’autre part. En effet, lors de la phase de décantation, les particules en suspension dans l’eau usée sédimentent sous forme de boues. Débarrassée de cette boue, l’eau subit ensuite un traitement biologique (bactéries) pour dégrader un maximum de la pollution organique (ex : PFAS, hydrocarbure, dioxine, pesticide, etc) avant de pouvoir être rejetée vers le milieu naturel. La boue résultante peut quant à elle être valorisée de deux manières : valorisation énergétique ou valorisation agricole. En effet, ces boues présentent une teneur intéressante en éléments fertilisants (azote, phosphore, …) et en matière organique pour les cultures !
Boues d’épuration vs. Pesticides PFAS
Fin 2024, le documentaire Investigation de la RTBF avait pointé du doigt la présence de PFAS dans les boues issues des STEP. Le documentaire dénonçait la contamination des sols agricoles via l’épandage des boues d’épuration chargées en PFAS. Néanmoins, selon les dernières analyses de la SPGE15, ce cri d’alarme n’est pas fondé et mérite d’être nuancé.
En effet, des audits réalisés en 2024 ont permis d’analyser la teneur en différents PFAS des eaux épurées des boues issues de certaines STEP. Une faible fréquence de détection est constatée pour les eaux traitées16. Une fréquence de détection plus élevée est constatée pour les boues17. Ce qui est assez logique étant donné que les boues sont le reflet de plusieurs semaines de fonctionnement des stations d’épuration. Depuis janvier 2025, il a donc été décidé par mesure de précaution de réduire de moitié la quantité d’épandage de ces boues sur nos parcelles agricoles18 afin de limiter la contamination des cultures et des ressources. Les résultats d’analyse de la SPGE se veulent néanmoins rassurants et montrent que seuls 3% des STEP testées présentent un dépassement de la valeur seuil définie19.
A noter que nos STEP n’ont pas été conçues pour traiter les PFAS, étant donné qu’aucune loi ne l’impose à ce jour. De ce fait, « les traitements conventionnels dans les stations d’épuration n’éliminent pas les PFAS même si certains PFAS, appelés précurseurs, peuvent être dégradés en PFAS persistants à chaîne courte »20. Parmi ces chaines courtes, on retrouve notamment le TFA, le plus petit PFAS que l’on puisse envisager. Un deuxième audit, réalisé en fin d’année 2024, révélait ainsi la présence de ce dernier dans 100 % des échantillons d’eau en sortie des stations d’épuration21. Un monitoring de l’eau de distribution a également été coordonné par la SWDE pour connaitre les taux de TFA dans les 642 zones de distribution. Le TFA a ainsi été détecté dans 93 % des zones22. Certaines actions sont en cours pour identifier l’origine des teneurs les plus élevées dans les eaux brutes alimentant les zones concernées.
Environ 35 000 tonnes de boues sont répendues annuellement sur les sols agricoles. Au regard de la concentration moyenne en PFAS pour les 6 PFAS analysés dans ces boues, soit 12 µg/kg de matière sèche, une petite règle de trois nous amène à constater que seuls 420 g de PFAS sont répandus annuellement sur l’ensemble des parcelles agricoles en Wallonie.
Que représentent ces 420 g de PFAS épandus via les boues d’épuration face à la contamination occasionnée par l’épandage de substances actives PFAS contenues dans les pesticides que nous utilisons en Wallonie. Les données disponibles concernant l’utilisation des produits phytopharmaceutiques à base de PFAS montrent que leur consommation a plus que doublé au cours des quinze dernières années. Ainsi, 31 substances actives à base de PFAS sont autorisées dans les pesticides vendus en Belgique23. Elles se retrouvent dans des herbicides, fongicides et insecticides utilisés dans différentes cultures telles que les céréales, les fruits et légumes, les pommes de terre, les betteraves, etc. En 2021, « on estime à 93 tonnes la quantité de substances actives PFAS utilisées en Wallonie pour la majorité des secteurs en grandes cultures »24.Rapportée à la surface agricole, l’utilisation de produits phytosanitaires PFAS est deux fois plus importante en Belgique qu’en France et la tendance est à la hausse.
420 g vs 93 tonnes. La quantité de PFAS disséminée par les boues représente donc 0.0005 % de celle potentiellement répandue par les pesticides. Comment expliquer que les mesures prises au niveau wallon ne s’attaquent pas à l’enjeu prioritaire des pesticides ? Le Danemark a récemment donné l’exemple en interdisant les 33 pesticides contenant des substances actives PFAS25. Qu’attendons-nous pour faire de même ?
On ne trouve que ce qu’on cherche
Comme nous venons de le voir, qu’il s’agisse de l’analyse des rejets industriels, des boues de stations d’épuration ou bien de l’eau de distribution, entre 20 et 28 molécules de PFAS sont analysées. Mais qu’en est-il des milliers d’autres mises sur le marché26 ?
Comme l’indique la cartographie reprise à la Figure 3, certains sites industriels français n’ont détecté aucune des molécules PFAS monitorées en tant que substance individuelle. Pour éviter de considérer par défaut que la pollution en PFAS est nulle, un indicateur supplémentaire a été ajouté à l’analyse afin de sonder la teneur potentielle en PFAS. Il s’agit de l’AOF (Fluor organique adsorbable27), un indicateur de la quantité totale de fluor organique rejetée indiquant donc la présence potentielle d’autres molécules PFAS non mesurées (parmi les 10 000 existantes). Les sites avec des valeurs importantes d’AOF méritent donc un suivi particulier afin de confirmer ou non la présence de PFAS dans les rejets. Cette approche peu coûteuse devrait idéalement être appliquée à l’ensemble des monitoring PFAS que nous réalisons en Belgique afin d’éviter de fermer les yeux sur la face immergée de l’iceberg.
L’application du principe pollueur-payeur
« Pour prévenir les risques d’exposition aux PFAS, le Gouvernement établira prioritairement une cartographie des sites potentiellement pollués, établira et mettra en œuvre une stratégie de gestion de ceux-ci. Ces informations seront publiques. […] La Wallonie poursuivra la concertation avec les autres niveaux de pouvoirs pour créer un fonds d’indemnisation pour les citoyens victimes de pollution aux PFAS sur base du principe pollueur-payeur. » Voilà l’engagement du gouvernement wallon dans sa Déclaration politique : appliquer le principe du pollueur-payeur28.
Depuis lors, une convention de partenariat a été signée avec la fédération des entreprises wallonnes (AKT for Wallonia) afin d’identifier les industries émettrices de PFAS et encourager les pratiques industrielles vertueuses29. Jusque-là tout va bien. Sauf que…
Sauf que cette convention prévoit que « les données seront anonymisées vis-à-vis de l’administration wallonne de manière à mettre les entreprises en confiance et de s’assurer d’un taux de participation suffisant »30. Conclusion, impossible à terme de déterminer quelles entreprises polluent, ni en quelle quantité. La transparence promise mériterait moins d’opacité.
A défaut de plus de transparence à l’échelle des entreprises monitorées, nous espérons tout de même avoir rapidement une estimation des quantités moyennes de PFAS émises dans les rejets d’eaux usées par secteur d’activité. Cette estimation pourrait éventuellement aboutir à la mise en place de conditions sectorielles dans les permis d’environnement d’entreprise appartenant aux secteurs reconnus comme problématique. Reste que l’élaboration de telles conditions prend généralement 3 ans avant d’être effective. Vu comment cela se goupille actuellement, il ne faut pas espérer voir émerger des restrictions élargies à l’ensemble d’un secteur problématique avant 2029.
Or nous avons déjà toutes les informations pour agir concrètement et limiter les émissions de PFAS dans les rejets industriels. Le vaste monitoring réalisé en France nous informe des secteurs d’activités devant faire l’objet d’un contrôle systématique.
Nos demandes
Accusée d’une pollution généralisée aux PFAS touchant des milliers de personnes dans le nord-est de l’Italie, 11 anciens cadres de l’industrie chimique ont été récemment condamnés par un tribunal italien à des peines de prison. Pendant des décennies, l’usine Miteni a déversé des déchets chimiques dans les cours d’eau, contaminant l’eau potable et le sol dans une vaste zone autour de l’installation31.
Des centaines de plaignants se sont joints au procès, dont plus de 200 habitants et un groupe de mères locales qui ont uni leurs forces après avoir découvert des PFAS dans leur sang et celui de leurs enfants. La condamnation comprend également des compensations financières : 50 000 euros pour chaque citoyen impliqué dans le procès, 6,5 millions d’euros pour la région de Vénétie et 58 millions d’euros pour le ministère italien de l’environnement.
Si la Belgique n’a pas encore fait face à une telle sentence, il est grand temps de répondre à cette question : qui va assumer le coût de cette pollution diffuse dont le robinet continue de couler à flot ?
Nos demandes, pour avancer dans la bonne direction, sont pleinement alignées avec celles de Générations Futures32 :
- L’établissement immédiat de valeurs limites d’émissions en PFAS dans les permis environnement, en attendant qu’une interdiction totale des rejets de PFAS dans les effluents aqueux et dans l’air soit prévue. Les résultats du monitoring environnemental français nous donnent déjà suffisamment d’informations pour savoir quels sont les secteurs à risque méritant un cadre réglementaire renforcé ;
- La mise en place d’une surveillance pérenne, transparente et élargie des rejets aqueux et atmosphériques industriels. La transparence a été de mise pour les biomonitoring wallons, il devrait en être de même pour les monitoring environnementaux ;
- La prise en compte des émissions de PFAS dans les études d’incidence environnementales. De nombreuses entreprises font part de leur incertitude quant à la présence potentielle de PFAS dans leur processus ;
- Informer les consommateurs quant à la présence de PFAS dans les produits de consommation. En attendant une interdiction généralisée, le consommateur est en droit de pouvoir disposer des informations utiles et nécessaires pour faire un choix éclairé ;
- L’application effective du principe pollueur-payeur pour financer la dépollution (dont le traitement des charbons actifs usagés);
- Le soutien à la restriction universelle des PFAS au niveau européen sans exemption;
- L’interdiction progressive des PFAS dans les secteurs industriels belges pour lesquels il existe des alternatives. Dans le meilleur des scénarios, la restriction universelle (dont l’ambition initiale est déjà diminuée) devrait aboutir en 2034 et nous n’avons pas le temps d’attendre 9 ans pour réduire à la source ces polluants éternels.
ANNEXE
Voici l’ensemble des secteurs industriels ayant fait l’objet de la cartographie illustrée à la Figure 333 :

Crédit image illustration : Adobe Stock
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- Canopea, « PFAS : le Ministre Crucke à l’écoute de la société civile », 02/09/2025 ↩︎
- Le champ d’application de l’étude découle de la définition des PFAS de l’OCDE ↩︎
- A noter que deux filières – les ustensiles de cuisine et les cosmétiques – ont été exclus du champ d’application de l’étude, les auteurs considérant les utilisations « non critiques » et estimant que des solutions de remplacement sans PFAS sont disponibles dans le commerce. ↩︎
- SPF Economie, « PFAS in Belgian industry – market study», Reference N° 2023/80109/E4, Final public report, Décembre 2023 ↩︎
- Le permis d’environnement est un document permettant à l’entreprise d’exploiter certaines activités et/ou installations en Wallonie dans le respect de certaines conditions afin de limiter son impact sur l’environnement. (lien utile pour plus d’informations : https://environnement-entreprise.be/permis-denvironnement/quest-ce-que-le-permis-denvironnement/) ↩︎
- Six prélèvements à réaliser à une fréquence bimestrielles, soit 6 analyses par an. ↩︎
- Pour la plupart des PFAS concernés, cette valeur seuil oscille entre 20 et 50 ng / litre ↩︎
- Plus spécifiquement la Direction des Eaux de Surface du SPW ARNE ↩︎
- Cfr. définition de l’OCDE sur les PFAS citée précédemment. ↩︎
- Ces 20 PFAS correspondent aux molécules visées par la directive européenne sur les eaux destinées à la consommation humaine. A titre illustratif, d’autres substances pouvant être analysées sont également mentionnées. ↩︎
- Installation ICPE : Installations classées pour la protection de l’environnement (dénomination française). L’équivalence wallonne correspond aux entreprises soumises à un permis environnement de le risque est de classe 1 (activité à risques) ou de classe 2 (risque modéré). ↩︎
- Générations Futures, « État des lieux des rejets de PFAS par les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) », ↩︎
- SPW Environnement, « Les PFAS dans les eaux épurées et les boues urbaines résiduaires en Wallonie – Etat des lieux », Rapport 2024 ↩︎
- Le lecteur intéressé trouvera des compléments d’informations sur cette page dédiée vulgarisant le fonctionnement d’une STEP. ↩︎
- Société Publique de Gestion de l’Eau ↩︎
- SPW Environnement, Op. Cit. ↩︎
- Ibid, tableau 2 et 3 ↩︎
- État de l’environnement wallon, Gestion des boues de stations d’épuration collectives, consulté le 09/07/2025 ↩︎
- 40 µg/kg de matière sèche pour la somme de 6 PFAS ↩︎
- Ibid : l’audit de 443 stations d’épuration (avril – mai 2024) révèle les teneurs de 28 PFAS en sortie de station. La carte de synthèse est disponible à la p.7 du rapport cité ci-dessus. ↩︎
- SPW Environnement, « Les PFAS dans les eaux épurées et les boues urbaines résiduaires en Wallonie – Deuxième état des lieux », Rapport 2025 | Résumé ↩︎
- SPW Environnement, « Le TFA dans les eaux de distribution en Wallonie – Etat des lieux », Septembre 2024 ↩︎
- Nature & Progrès, Pesticides Action Network, Rapport « Récolte toxique, des pesticides PFAS dans nos champs et dans nos assiettes », novembre 2023 ↩︎
- Ibid ↩︎
- PAN Europe, Denmark bans more PFAS pesticides to protect groundwater, 06/10/2025 ↩︎
- Si certaines organisations, telle que l’OCDE, parlent de 4 730 substances, l’agence européenne des produits chimiques (ECHA) considère que les PFAS englobe environ 10 000 molécules différentes. ↩︎
- L’analyse d’AOF est une méthode de détection « non-ciblée », reposant sur une technique de chromatographie ionique de combustion (CIC), plus simple et plus rapide que les méthodes d’analyse ciblées des PFAS. ↩︎
- Déclaration de politique régionale wallonne, législature 2024 – 2029, 11 juillet 2024 ↩︎
- https://akt.be/signature-dune-convention-entre-la-wallonie-et-akt-pour-une-mobilisation-commune-face-aux-pfas/ ↩︎
- Le Soir, « La Wallonie veut collaborer avec les entreprises pour faire face à la pollution aux PFAS », 15/04/2025 ↩︎
- Le Monde, « PFAS : des cadres d’une usine de chimie condamnés en Italie pour pollution massive de l’eau potable », 26/06/2025 ↩︎
- Générations Futures, Op. CIt. ↩︎
- Construit sur base des informations présente dans l’arrêté du 20 juin 2023 croisée avec les références de nomenclature présentes dans la « Nomenclature des installations classées ». ↩︎
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