Vers une industrie durable : la Wallonie doit se préparer

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Réaction d’IEW suite à la décision du Gouvernement du 1 juillet sur les accords de branche (ADB).

Le gouvernement wallon a aujourd’hui “acté l’évaluation des Accords de Branche de seconde génération” (ADB2) comme un premier pas  pour l’élaboration du mécanisme qui devra leur succéder le 1er janvier 2024. 

IEW ne partage pas l’analyse optimiste du Gouvernement qui stipule que “c’est un bilan positif qui ressort de l’évaluation d’une action initiée depuis près de 20 ans”. IEW demeure dubitatif sur l’efficacité environnementale des accords de branche précédents, a fortiori ces dernières années, comme le montre notamment le graphe ci-dessous. La fédération développe davantage son analyse dans la note attachée à ce communiqué. 

L’amélioration de l’intensité énergétique de l’industrie (TWh PCI consommé par M€ chaîné de valeur ajoutée de l’industrie) n’a pas changé avec l’introduction des ADB1. Sa réduction a même ralenti significativement depuis le début des ADB2 (données IWEPS et AWAC).

IEW se réjouit par contre de la  volonté affichée par le Gouvernement de lancer le chantier crucial de la réforme de cet outil. Pour l’aider dans cette tâche, IEW propose une note d’orientation pour une activité industrielle prospère et innovante, qui met l’accent sur l’efficacité énergétique et le développement d’une industrie circulaire.

Note d’orientation IEW : Vers un successeur aux accords de branche

Quote :

Pour IEW,   » le Gouvernement wallon s’est engagé à réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre pour 2030 par rapport à 1990. Ce chantier crucial pour la Wallonie ne peut être envisagé sans l’industrie qui émet un tiers de ces émissions « .

Sur les accords de branche précédents :  » Notre industrie a eu tendance à ralentir le rythme de son efficacité énergétique ces dernières années, ce qui pose au minimum la question de l’efficacité des accords de branches actuels. Notre sentiment est que cet outil est devenu un pur outil de compétitivité très cher pour la collectivité et parfois disproportionné par rapport au désavantage de compétitivité réel subi par les industries qui en bénéficient « .

Sur le futur accord, IEW estime que : « Le futur outil mis en place doit être davantage ciblé et appuyer les industries qui sont véritablement inscrites dans un processus de transformation de  leur modèle industriel pour réduire leur impact environnemental. Cela passe en priorité par l’efficacité énergétique et l’intégration dans une logique de circularité. Nous sommes persuadés que notre région peut redevenir un fleuron industriel, à condition de viser à cette excellence ».

Contact presse :

Xavier Gillon – 0499/29.49.19
Arnaud Collignon – 0477/70.04.56


En savoir plus sur les accords de branche

Discret du grand public, les « accords de branche » (ADB) sont le principal outil en Wallonie depuis 2004 pour verdir les différentes branches d’activités industrielles. Cet outil est par contre très populaire dans le milieu industriel : bien que sur base volontaire, des entreprises totalisant 90% des émissions industrielles wallonnes se bousculent pour y participer. Cela aurait-il un lien avec les 742 millions d’euros de cadeaux distribués de 2014 à 2019, dont 98% sous forme de réduction de leur facture d’énergie ? Certainement. Les entreprises participantes sont en effet exemptées du financement des certificats verts wallons (610 millions sur la période)… Ces montants parfois injustifiés augmentent la facture des particuliers et des PME en Wallonie.

En contrepartie de ces cadeaux, les entreprises participantes s’engagent par fédération à atteindre des objectifs de réduction d’émissions de gaz GES et de consommation d’énergie. Pour améliorer leurs procédés, elles ont d’ailleurs investi 1 tiers de l’argent qu’elles ont reçu (236 millions). D’après les chiffres communiqués par les fédérations industrielles à l’administration wallonne, des réductions significatives d’émissions ont été obtenues. Curieusement, une évaluation macroéconomique indique cependant que l’introduction des ADB en 2004 n’a pas amélioré la diminution de deux indicateurs importants : l’intensité énergétique et l’intensité en GES, c’est-à-dire respectivement l’énergie consommée et les GES émis par million d’euros de valeur ajoutée de l’industrie. Pire, depuis l’introduction en 2014 de la 2e génération d’ADB, ces deux indicateurs ne diminuent quasiment plus. Bien qu’individuellement certaines entreprises aient des démarches exemplaires, devons-nous en conclure que les ADB n’ont pas vraiment eu d’effet et/ou qu’il n’y a plus de potentiel d’amélioration ?

Pourtant, des retours du terrain industriel indiquent que les entreprises ont encore de la marge pour réduire leurs émissions. Jusqu’à maintenant, les efforts ont principalement porté sur les bâtiments des entreprises (« utilities ») et sur l’optimisation des procédés. Les changements du procédé lui-même sont encore timides. Ces modifications représentent souvent des challenges industriels. Cependant, en regard du risque existentiel qu’encourt notre société face aux changements climatiques, mais aussi pour des raisons de compétitivité,  il ne s’agit plus d’être timide.