La matrice d’efficacité environnementale et sociale : calibrer l’action politique et lui donner du sens

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Quand faut-il interdire une activité polluante ? Quand faut-il adopter une approche plus mesurée ? Vu la gravité de la situation, les politiques climatiques et environnementales doivent mener à des réductions rapides des pratiques destructrices. Ceci place l’outil réglementaire en pole position. Il faut cependant veiller, pour une série de besoins vitaux, à garantir la continuité de leur satisfaction pendant les différentes étapes de la transition vers une société durable. La matrice d’efficacité environnementale et sociale peut nous aider à y voir plus clair sur le type d’approche à adopter au niveau politique. Et à y mettre du sens.

Prioriser des mesures environnementales efficaces en intégrant la justice sociale

Pour opérationnaliser l’équilibre entre efficacité environnementale et nécessité sociale, nous proposons la matrice ci-dessous. Elle cherche à intégrer à la fois l’impact environnemental de nos actions (impact climatique principalement dans l’illustration ci-dessous), et leur caractère plus ou moins vital ou accessoire. Ceci permet de dégager différents type d’activités, qui sont à réguler via des approches différentes au niveau politique.

Matrice d’efficacité environnementale et sociale : certaines activités actuelles sont plus polluantes que d’autres (axe vertical), ces activités peuvent aussi être classées en fonction de leur caractère plus ou moins vital (axe horizontal), même si les perceptions peuvent varier en la matière (les exemples sont d’ailleurs donnés à titre illustratif).

Quatre zones d’action différentes apparaissent pour les pouvoirs publics :

  1. des activités à rendre accessibles pour toutes et tous (zone verte),
  2. des activités à transformer et réduire tout en garantissant un accès aux alternatives pour que les besoins vitaux soient satisfaits de manière continue (zone jaune – comme « gilets jaunes »),
  3. des activités qui peuvent et doivent être plus directement limitées (zone rouge),
  4. des activités à soutenir et qui font du bien, même si elle sont moins stratégiques (zone bleue).

Les outils à disposition des pouvoirs publics sont variés. Ils permettent une forme de gradation, tout en alliant la carotte et le bâton :

  1. Sensibilisation et exemplarité (ex. semaine de la mobilité, administrations à vélo)
  2. Fiscalité et taxation (ex. indemnité vélo, horodateur)
  3. Limitation marginale (ex. durée maximale de stationnement)
  4. Limitation forte (ex. suppression places de parking pour rééquilibrer l’espace en faveur des piétons, cyclistes, etc.)
  5. Investissement dans les alternatives (ex. aménagement de cheminement cyclo-piétons, transports en commun de qualité)

Même si les outils incitatifs sont perçus comme plus « faciles » politiquement que les outils réglementaires ou dissuasifs, tous ont leur utilité et doivent être combinés de la bonne manière pour une action efficace et juste. Aucun de ces outils ne doit être un tabou.

Adopter une approche responsable, qui donne du sens

Les notions d’acceptabilité et de désirabilité sont parfois mises en avant de manière un peu maladroite, à notre sens, par les promoteurs de la transition. Le postulat restant qu’il faudrait prendre les gens dans le sens du poil, ne pas leur faire peur ou les brusquer, leur donner envie et ne surtout pas culpabiliser.

Outre le fait que l’acceptabilité et la désirabilité sont des notions très subjectives et sujettes à évolution, cette approche peut avoir une lacune fondamentale : elle risque d’infantiliser plus que de responsabiliser. Elle fait souvent abstraction du cœur de la problématique environnementale : nos actions polluantes ont des conséquences destructrices graves.

Nous pensons qu’il est nécessaire de promouvoir une approche adulte et responsable pour agir à la hauteur des enjeux. D’un point de vue environnemental, la première raison de changer, c’est d’arrêter de détruire. Et il nous faut, collectivement et individuellement, trouver des manières de vivre bien qui ne soient plus destructrices.

Nous pensons que l’action individuelle et collective doit s’inscrire dans un cadre qui donne du sens et favorise la cohésion sociale. Cela signifie :

  • un discours clair sur la nécessité de réduire les pollutions dans un laps de temps défini ;
  • des efforts partagés par tous les acteurs et tous les secteurs, en cohérence avec l’impact de leurs actions et leurs capacités d’action ;
  • une recherche de justice sociale qui se traduit, notamment, par une approche différenciée : limiter de manière plus rapide et plus franche les activités polluantes les plus accessoires et les moins vitales, tout en prévoyant, pour les activité polluantes plus essentielles et vitales, un accompagnement vers des alternatives durables accessibles à tous.

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