Le futur green deal doit d’avantage travailler sur une consommation durable

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Une industrie plus durable passe par une consommation plus durable… Il ne suffit pas de promouvoir (subventions)  ou de contraindre (normes, prix du carbone…)  la production de biens industriels plus durables,  il faut en parallèle promouvoir la consommation de ce type de produits et plus largement, transformer notre manière de consommer. Une politique intégrée « de l’usine à l’assiette » doit être au cœur du futur green deal européen.

Une politique de la demande pour soutenir les produits vertueux

Fixer des normes ou des contraintes environnementales sur les productions industrielle est plus que jamais nécessaire, que ce soit via le renforcement du marché du carbone ETS ou des normes environnementales. Il ne saurait être question d’une pause environnementale comme la réclame les fédérations industrielles dont business Europe.

 Mais il est de la responsabilité des pouvoirs publics de veiller à ce que les  biens manufacturés de manière plus responsables trouvent un marché. Sinon, nous risquons effectivement de promouvoir la délocalisation de la production industrielle polluante hors d’UE, là où les normes environnementales ne s’appliquent pas.

Car le plus souvent, on constate que les consommateurs (les ménages ou des entreprises) ne se tournent pas suffisamment vers les produits le plus durable (surtout si il est plus cher)). Résultat, les industriels qui produisent des produits plus vertueux n’ont pas toujours de marché suffisant…

Pour que les politiques climatiques industrielles soient efficaces, il faut donc parallèlement aux politiques climatiques qui contraignent l’offre industrielle, stimuler voir contraindre la demande pour des biens produits de manière plus responsable, et diminuer la demande pour les produits les plus impactant.  Une politique sur la demande plus ambitieuse est urgente.

Distinguer les produits vertueux

Prenons une poutre en acier achetée chez un grossiste, élément de base dans la construction extrêmement polluant à la production. Rien n’oblige aujourd’hui à communiquer son empreinte carbone, si elle a été produite dans une usine plus ou moins moderne et efficace, etc… Et si l’information est disponible par exemple si l’entreprise est certifiée (ISO 1406X en l’occurrence), cette information reste très peu lisible  …

Différentes initiatives européenne ont tenter d’améliorer la situation : La directive Empower Consumers a essayé de remettre de l’ordre dans les promesses environnementales affichées sur les produits européens. Parallèlement, la taxonomie européenne propose une classification des produits et activités réputées favorables a l’environnement (elle est destinée aux acteurs financiers à ce stade). Enfin au niveau international, un arsenal de normes ISO environnemental existe. Mais on est encore loin d’une classification générale des produits en fonction de leur impact sur l’environnement.

Des normes de produit, voire des interdictions

La nouvelle régulation eco design (ESPR) approuvée en novembre dernier est clairement une des grande avancée obtenue via le green deal.  Non seulement elle précise des standards de consommation d’énergie pour les électroménagers vendus dans le commerce (les label A, B, C sur nos frigos) mais dans sa nouvelle mouture, elle s’étend a d’autres produits comme les meubles, mais aussi le fer ou l’aluminium, et fixe des normes de design « eco-responsable » pour limiter l’empreinte matérielle, ou favoriser la recyclabilité.

Mais a force d’information, le consommateur ne risque-t-il pas d’être noyé. En outre, le seul critère de prix reste le critère d’achat principal malgré ces informations de plus en plus disponibles.

 Nous estimons donc que l’UE devra aller plus loin, non seulement en renforçant les standard minimum en matière de design aux industriels, mais aussi en  interdisant des produits inutiles et/ou trop impactant. Rien n’empêcherait le législateur (même au niveau belge) d’interdire par exemple des lave linges avec un eco label G sachant qu’une alternative existe… ou des voitures de plus de 2 tonnes ou des chauffages électriques extérieurs pour terrasse… Beaucoup de produits sont d’ailleurs, chaque année, interdits à la vente le plus souvent pour des raisons de santé (on pense au glyphosate interdit à la vente pour les particuliers ou aux ampoules a incandescence).

Lever les freins à une consommation de produits durables

Parfois la règlementation en vigueur empêche l’utilisation de produits plus vertueux. Par exemple, Canopea a travaillé sur les freins réglementaires qui empêchent ou freinent l’utilisation de ciments bas carbone (des ciments qui intègrent moins de Clinker, le composant le plus polluant du ciment. )

Réduire la demande pour les produits polluants

Travailler sur la demande ne peut donc pas se limiter à développer des labels et a laisser la responsabilité aux consommateurs. A fortiori pour des produits très impactants comme les produits de construction : acier, ciment, verre…  Des plans politiques visant à diminuer au maximum leur consomation doivent être mis en place.

 Prenons l’exemple du ciment extrêmement polluant à la production. Il faut tout faire pour diminuer son usage.

Cela peut se faire en changeant les pratiques de construction : remplacer le béton par des matériaux comme le bois quand cela est possible…

 Cela passe aussi par des politiques plus structurelles. Ainsi le secteur de la construction doit évoluer vers la rénovation… Nous ne pouvons plus continuer à construire des lotissements de quatre façades dont l’édification est intensive en matériaux de construction polluants. A la place, nous devons rénover l’important parc de bâtiments déjà construits. Cela permettra de diminuer la production de béton, ou d’acier. Dans son scénario pour la France, les shifters estiment ainsi qu’il faut diminuer la consommation de béton par deux. C’est certainement aussi valable pour la Belgique.

Par mètre carré, l’ADEME en France estime que la construction consomme 40X plus de matériaux que la rénovation. A chaque tonne de matériaux équivaut une pollution…

Cela vaut pour tous nos produits de consommation les plus impactants : plastiques, produits chimiques, IT, vêtements, voitures…

Une consommation et une industrie durable –  Un seul combat

L’industrie est déjà revenue à l’agenda politique européen dans un contexte de compétition internationale exacerbée et de crainte de désindustrialisation de l’Europe. Ainsi, le Net Zero Industry Act, censé soutenir l’industrie de produits favorables à la transition (batteries, renouvelable, mais aussi semble-t-il des technologies tout sauf durables comme le nucléaire, ou la capture du CO2 directe) a été approuvé en février par le parlement et le conseil EU en réponse à l’Inflation Reduction Act américain, qui va inonder les usines US de subventions.

On sent déjà toute la limite d’une politique de subventionnement massif. Soutenir une offre industrielle durable n’aura d’impact que si en parallèle le green deal promeut, parfois par la contrainte, une consommation plus responsable et plus raisonnable de ces produits plus qualitatifs.

Les industriels européens véritablement désireux de rendre notre modèle viable devraient être les meilleurs alliés des ONGS et des scientifiques dans ce projet de politique industrielle. Car si l’industrie européenne est aussi vertueuse qu’elle le prétend, elle ne pourra que profiter de normes plus strictes qu’elle sera la seule à respecter… Autant de marchés, pour nos entreprises si vertueuses.

Une vraie politique intégrée de l’usine à l’assiette. Voila sans doute un vrai projet pour le future  Green Deal 2 européen. La Belgique, qui préside actuellement le Conseil Européen peut jouer un rôle non négligeable pour mettre ce point à l’agenda.

Crédit image illustration : Adobe Stock

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