Plan d’action Wallonie piétonne : le premier pas d’une longue marche

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La politique piétonne wallonne a fait un pas en avant le 12 octobre 2023 avec l’adoption par le gouvernement du « plan piéton », l’un des engagements de la Déclaration de Politique Régionale (DPR).

Dénommé Plan d’actions Wallonie Piétonne (WalPi), ce plan est le pendant piéton du Plan d’action Wallonie Cyclable (WaCy), dont il emprunte d’ailleurs la structure. Composé de 4 volets (donc) et de 14 mesures divisées en 55 actions, ce plan entend donner le cap pour réaliser l’objectif de la vision FAST 2030 d’augmenter la part modale de la marche de 3% en 2017 à 5% en 2030.

Pour ce faire, le plan entend mobiliser principalement des leviers liés à la formation (24%), aux analyses et études (22%) et à la promotion (20%). Le reste des actions portent sur des aspects législatifs, de mise en réseau, infrastructurels, normatifs et signalétiques1.

Si le plan en lui-même contient des mesures très positives (on peut par exemple noter l’adaptation de la fiscalité piétonne, la création de réseaux piétons structurants, la mise en place de quartiers apaisés, l’utilisation d’aménagements temporaires, les « rues aux enfants », etc.), il n’en souffre pas moins des mêmes faiblesses que son grand frère cyclable.

En effet, l’horizon du plan est limité à 2024 et aucun engagement ferme, que ce soit programmatique ou financier, n’a été pris au-delà de cette date. 

Le plan WalPi consiste donc principalement en une confirmation de la politique piétonne actuelle. Ainsi, 41% des mesures existent déjà et sont « A poursuivre/Renforcer », 39% sont nouvelles et « à réfléchir et mettre en place d’ici fin 2024 », tandis que 20% des mesures sont « à réfléchir pour être mis en place à partir de 2024 » ou « à réfléchir à partir de 2024 ». La mise en place d’1/5 des mesures suggérées (généralement parmi les plus ambitieuses) est donc incertaine et soumise à la volonté du prochain gouvernement.

En terme financier, le plan ne prévoit quasiment pas de nouveau budget, la plupart des enveloppes étant issues de subventions déjà octroyées ou encore à définir lors de la publication du plan. La négociation budgétaire est donc laissée annuellement à la charge du ministre compétent. Si le budget 2024 a bien été aligné aux ambitions du plan2, rien n’est certains pour les années à venir.

Afin de continuer à promouvoir une politique piétonne à même de répondre aux objectifs de la vision FAST 2030, il est absolument nécessaire que les partis formant le prochain gouvernement s’engagent (y compris financièrement) à développer dès de début de la législature des plans d’action piétons et cyclables intégrant une augmentation progressive des ambitions (et des budgets). Il est également important que ces plans se pérennisent dans le temps et se renouvellent donc à chaque législature.

Il est également primordial que la politique piétonne ne fasse pas office de parent pauvre de la politique cyclable. En effet, la législature actuelle a menée à une réelle accélération de la politique cyclable, ce qui est très positif. Toutefois, cette accélération semble parfois s’être faite au détriment de la politique piétonne, et donc en contradiction avec le principe STOP3.

Il est également à noter que ce plan WalPi n’a pas fait l’objet d’une consultation des partis prenantes. En effet, les associations actives dans la mobilité piétonne n’ont reçu qu’une information préalable, sans demande d’avis officielle, tandis que le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE, où siège Canopea et certains de ses membres) n’a pas été sollicité. Et le plan WalPi n’est pas le seul dossier à être passé sous les radars du pôle Mobilité du CESE ces derniers mois… Il est vraiment regrettable de ne pas mettre à profit cette instance consultative, dont l’existence et le bon fonctionnement constitue l’une des forces de notre démocratie wallonne. A l’avenir, nous demandons donc que le CESE soit consulté à chaque mise à jour des plans d’action piétons et cyclables.

En conclusion, nous accueillons ce plan comme un pas en avant, mais un petit pas au vu de ses limites. Le plan a l’immense intérêt de baliser le chemin pour une politique piétonne ambitieuse. Toutefois, ce chemin est encore long, et il est nécessaire que les prochains gouvernements le parcourent et accélèrent le pas si l’on veut atteindre les objectifs de report modal vers la marche que la Wallonie s’est fixée pour 2030.

Crédit image d’illustration : Adobe Stock

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  1. Classification effectuée par l’auteur.
  2. Ce qui constitue en soit une augmentation conséquente du budget alloué à la politique piétonne depuis 2020.
  3. Qui souligne le besoin de prioriser la mobilité piétonne devant la mobilité cyclable, la mobilité collective et la mobilité automobile individuelle.