Révision de la Directive Européenne sur la qualité de l’air : la Belgique doit se montrer ambitieuse

You are currently viewing Révision de la Directive Européenne sur la qualité de l’air : la Belgique doit se montrer ambitieuse

Le 20 juin prochain les Ministres européens de l’environnement se rassembleront pour discuter de la proposition de nouvelle Directive européenne sur la qualité de l’air. Les associations environnementales et de la santé se sont rassemblées et appellent nos ministres Zuhal Demir, Céline Tellier et Alain Maron à définir une position ambitieuse de la Belgique pour protéger la santé et l’environnement.  

Impact considérable de la pollution de l’air

Il est aujourd’hui largement démontré que la pollution atmosphérique représente une charge considérable et évitable sur notre société.

Selon les données de Sciensano, 9 Belges sur 10 sont exposé.e.s à des concentrations en particules fines (PM2.5) supérieures à celles préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). De son côté, l’Agence Européenne de l’Environnement estime que 7500 morts prématurés par an sont imputables à la pollution atmosphérique.

Pauline Dessard de CANOPEA explique: “La pollution de l’air est à l’origine de diverses maladies et problèmes sanitaires. Elle est particulièrement problématique pour les personnes vulnérables, comme les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes, chez qui une exposition pourrait conduire à des complications sanitaires beaucoup plus graves. Une étude belge publiée l’année passée dans The Lancet a démontré que les particules de Black Carbon (carbone noir) pouvaient passer la barrière placentaire et se retrouver dans les organes du fœtus.

La pollution de l’air a aussi un grand impact sur notre sécurité sociale, explique Christian Horemans des Mutualités Libres : “ Outre son impact important sur notre organisme, particulièrement le fonctionnement de notre système respiratoire et cardio-vasculaire, elle entraîne une augmentation des incapacités de travail, dues principalement à l’augmentation de maladies mentales telles que la dépression. Cela représente inévitablement des coûts importants pour l’assurance maladie-invalidité.  Ainsi, et comme démontré dans l’étude d’impact de la Commission Européenne, les bénéfices des mesures pour améliorer la qualité de l’air outrepassent largement les coûts.”

Bon pas en avant, mais encore insuffisant

Les trois régions discutent actuellement la position que la ministre Zuhal Demir portera pour le pays lors du Conseil des ministres européens du 20 juin. Les associations environnementales et le secteur de la santé appellent la Belgique à faire preuve de plus d’ambition que ce qui est maintenant proposé dans le texte de la Commission Européenne.

« La proposition de la Commission va dans la bonne direction. Cependant pour certains polluants, comme les particules fines (PM2.5) et le dioxyde d’azote (NO2), les valeurs limites proposées sont deux fois moins ambitieuses que celles de l’OMS. Et ce, alors que les valeurs recommandées par l’OMS sont essentielles pour protéger la santé des citoyens », précise Christian Horemans des Mutualités Libres.

C’est pourquoi, les organisations de la société civile, dont CANOPEA, Greenpeace, les Chercheurs d’air et les mutualités demandent aux ministres belges de l’environnement de faire de la lutte contre la pollution de l’air une priorité et de se présenter à la table des négociations européennes avec une position forte.

Concrètement, voici les 4 recommandations de cette coalition :

  1. D’ici 2030, les normes de qualité de l’air de l’UE doivent être complètement alignées sur les recommandations de l’OMS et les dernières données scientifiques.
  2. L’information disponible au public sur la qualité de l’air doit être améliorée, notamment en y incluant un message sanitaire clair et transparent à destination des publics vulnérables.
  3. Le réseau de surveillance de la pollution atmosphérique doit être renforcé, en augmentant la densité et représentativité des stations de mesure et en intégrant les données collectées par la science citoyenne.
  4. Les nombreuses possibilités de report doivent être supprimées afin que les États membres ne disposent plus d’échappatoires lorsqu’ils ne respectent pas les normes de qualité de l’air.

Des mesures connues

Les organisations environnementales et de la santé affirment que les mesures visant à ramener le niveau de qualité de l’air en Belgique au niveau recommandé par l’OMS sont connues, efficaces et réalistes.

Elles demandent au gouvernement de faire davantage pour aider les citoyens à rationaliser l’utilisation de la voiture. Cela passe par la mise en place d’un ensemble de mesures cohérentes, comme investir dans les transports publics et les infrastructures pour les modes actifs (marche et vélo), des réformes fiscales intelligentes qui orientent le choix vers des véhicules non-émetteurs et favorisent la réduction de l’utilisation de la voiture, et la mise en place de zone à émission nulle dans les régions à forte densité. Toutes ces mesures s’accompagnent de corrections socio-économiques importantes pour les personnes à faible revenu qui ont besoin de leur voiture pour leurs déplacements. Les avantages de ces mesures ont été démontrés dans une étude menée par Clean Cities et Transport & Environment.

Les associations demandent aussi la mise en place de mesures supplémentaires et socialement justes dans d’autres secteurs, comme le chauffage (au bois) dans le secteur résidentiel, l’agriculture et l’industrie lourde, qui contribuent aussi significativement à l’émission de particules fines et dioxyde d’azote.

Pauline Dessard de CANOPEA conclut : « Il y a énormément de co-bénéfices entre la qualité de l’air, la santé et le climat. C’est pourquoi, nous demandons à nos ministres de placer enfin l’habitabilité de nos villes et villages au cœur de leur préoccupations politiques.

Contact

Pauline Dessard, chargée de mission Santé-Environnement, CANOPEA, 0493 673 802, p.dessard@canopea.be

Christian Horemans, département de la représentation et des études, des Mutualités Libres, 0473 88 17 49, christian.horemans@mloz.be

Pour

Canopea, BBL, BRAL, Greenpeace, Recht op lucht, Les chercheurs d’air, CleanCities, Les mutualités libres, Kom op tegen Kanker, Les mutualités neutres, Les mutualités libérales, Les mutualités Solidaris

Crédit photo : Unsplash – Raoul Croes