Verdissement de la Politique Agricole Commune : consacrons un peu de place à la biodiversité !

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Le Gouvernement wallon adoptera sous peu ses options pour la mise en œuvre du verdissement de la Politique agricole commune (PAC). Fortement affaiblie au terme du processus de négociation européen, la nouvelle réglementation offre au Ministre de l’agriculture une latitude importante. La place de la biodiversité dans les zones de grande culture, où elle est aujourd’hui trop peu présente, pourrait ainsi être renforcée. Les associations environnementales appellent dès lors le Ministre Di Antonio à lier les aides à l’agriculture à des mesures réellement favorables à la biodiversité et à l’environnement.

La nouvelle PAC prévoit un « paiement vert » aux agriculteurs qui dédient 5% de leurs terres arables à des « surfaces d’intérêt écologique » (SIE). Dans la proposition initiale de la Commission, les SIE étaient destinées à encourager la création et la préservation des haies, talus, mares, bandes aménagées ou enherbées gérées extensivement, etc. Ces éléments, qui manquent cruellement dans les zones de grandes cultures en Wallonie, jouent un rôle majeur dans la régulation écologique des systèmes agricoles en abritant pollinisateurs et prédateurs pour les insectes ravageurs ; ils contribuent de ce fait à l’agriculture écologiquement intensive souhaitée par le Ministre. Ils participent en outre à la lutte contre le ruissellement des eaux et l’érosion.

Suite aux négociations avec le Conseil et le Parlement européens, la réglementation offre la possibilité à la Région d’opter, moyennant des coefficients de pondération, pour des SIE telles les cultures intermédiaires pièges à nitrate (CIPAN), les cultures de protéagineux ou encore les taillis à courte rotation. Les associations environnementales ne sont pas favorables à cette flexibilité. Elles considèrent en effet essentiel de privilégier les aménagements des plaines agricoles les plus favorables à la biodiversité plutôt que d’intégrer des cultures dont les bénéfices environnementaux sont plus faibles.

Les « surfaces d’intérêt écologique » offrent l’opportunité de reconnaître les pratiques agricoles favorables déjà développées par certains agriculteurs et d’assurer la contribution des autres à une meilleure prise en compte de la biodiversité de leurs terres de culture.
L’installation de CIPAN constitue une bonne pratique agricole rendue obligatoire dans le cadre du programme de gestion durable de l’azote en agriculture. La reconnaître comme SIE n’apporterait pas la plus-value recherchée pour la biodiversité et sa facilité de mise en œuvre déforcerait le verdissement. De même, l’intégration des cultures de protéagineux ou des taillis à courte rotation aux SIE n’est pas suffisamment favorable à la biodiversité, , même en excluant l’utilisation de tout pesticide et engrais, pour justifier de tels moyens.

IEW et Natagora demandent donc que seules les particularités topographiques (haies, talus, bosquet, mares, alignement d’arbres, …), les bandes tampons enherbées le long des cours d’eau et les autres bandes aménagées ou enherbées ainsi que les bordures de champs soient incluent dans les SIE.

Lionel Delvaux

Anciennement: Nature & Ruralité