Adaptation de la Wallonie : découvrez le portail Climat de l’AWAC

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Dans la Déclaration de Politique Régionale, le Gouvernement wallon s’est engagé à « définir une stratégie régionale d’adaptation au changement climatique et à la mitigation de ses effets basée sur l’expertise des acteurs de terrain, des pouvoirs locaux et des professionnels des secteurs concernés par les impacts du changement climatique » (DPR, p.68). 40 experts ont produit 40 indicateurs et 700 cartes qui permettent d’évaluer et localiser les risques climatiques auxquels la Wallonie est confrontée et ces données sont rassemblées sur le Portail Climat. Disposer d’un diagnostic robuste des vulnérabilités du territoire est un préalable à tout déploiement de politique d’adaptation et de mise en œuvre d’un programme d’action ambitieux.

Les effets des dérèglements climatiques sont là : canicules estivales, sécheresses, pluies torrentielles et leurs conséquences impactent tous les secteurs de la société. Cette nouvelle réalité remet en question notre capacité à maintenir un cadre de vie et de travail agréable et sécurisé pour toutes et tous. L’adaptation vise à limiter les effets négatifs du réchauffement climatique et à réduire les risques et les vulnérabilités auxquelles les populations, infrastructures et écosystèmes sont exposés. L’atténuation et l’adaptation sont des stratégies indissociables et complémentaires qui visent pour l’une d’éviter l’ingérable (un réchauffement moyen mondial de +3°) qui mettrait en péril les conditions d’habitabilité de la planète et pour l’autre l’anticipation du risque afin de préserver la sécurité, la santé et le bien-être des citoyens.

Ce portail, nous l’attendions impatiemment et nous vous en parlions déjà dans ces articles : Adapter le territoire pour réparer le futur , S’adapter aux vagues de chaleur et aux canicules, Comment réduire les vulnérabilités de la Wallonie ? Et, également dans le webinaire organisé avec Espace Environnement et l’Institut Eco-Conseil sur l’intégration de l’adaptation aux effets des dérèglements climatiques dans les PST (disponible en replay).  Pourquoi étions-nous impatients que le portail soit en ligne ? Parce que les indicateurs et cartographies présentés permettent de :

  • De soutenir la transparence et diffusion des données en rendant publics les résultats, rapports, cartes, projections, afin que tout un chacun puisse consulter, comprendre, comparer les évolutions climatiques selon les différents scénarios
  • De mettre en évidence les conséquences locales du réchauffement climatique mondial : le climat wallon se réchauffe plus rapidement que le niveau de réchauffement moyen planétaire (une hausse de 2 degrés en moyenne dans le monde (par rapport à l’ère préindustrielle, 1850-1900), se traduit par une augmentation de 3 degrés en Belgique et plus précisément de 4 en été en Ardenne) et d’autres paramètres climatiques sont impactés (la fréquence et l’intensité des pluie, l’ensoleillement, le vent, etc.)
  • Identifier et visualiser les vulnérabilités climatiques territoriales grâce aux indicateurs thématiques et spatiaux et de repérer les populations, infrastructures et écosystèmes les plus à risque selon différents aléas climatiques (inondation, sécheresse, vagues de chaleur, tempêtes). Les indicateurs et cartes ont été produits afin d’explorer les risques climatiques pesant sur les écosystèmes, l’agriculture, l’économie, les populations et l’environnement bâti.
  • De visualiser les superpositions de vulnérabilités : certains groupes de populations socio-économiquement vulnérables sont également localisés dans des zones particulièrement à risque. « La vulnérabilité sociale de la population traduit le fait que, bien que toute la population soit exposée au changement climatique, toutes les personnes ne sont pas égales face aux conséquences des aléas climatiques. (…) À l’échelle de la Wallonie, la carte montre que la vulnérabilité est plus élevée dans les grandes villes et les zones densément urbanisées ainsi que les centres villageois, contrairement aux zones rurales où la vulnérabilité est en général plus faible » (Portailclimat-awac.be).
  • Soutenir la planification politique et locale, que ce soit au niveau régional (stratégie wallonne d’adaptation au climat, plan PACE, etc.) ou local (communes, infrastructures, urbanisme), ce portail permet de fonder des décisions sur des éléments concrets : quelles zones prioriser, quels risques anticiper, etc.
  • Sensibiliser le grand public en donner à voir et à comprendre : le portail permet de visualiser les effets potentiels, souvent abstraits, du changement climatique, ce qui, nous l’espérons, augmentera la conscientisation et l’amplification de l’action collective et individuelle.
  • D’estimer les couts de l’inaction : en quantifiant monétairement un maximum d’impacts dans chaque système exposé aux risques climatiques si aucune action d’adaptation n’était menée.
  • De comprendre comment adapter la Wallonie pour réduire son exposition et sa vulnérabilité face aux risques climatiques : leportail est un outil pour prévoir les conséquences et effets des dérèglements climatiques selon plusieurs scénarios, pour identifier les enjeux futurs, et pour mettre en œuvre des mesures de préparation et d’adaptation.

Le Portail se distingue par son approche didactique, mêlant description narrative et visualisation cartographique. Les concepts (risque, vulnérabilité, expositions), modélisations climatiques et indicateurs sont présentés avec une grande clarté. La conception du site permet une navigation confortable et interactive qui participe pleinement à rendre les données accessibles – ce qui mérite d’être souligné.

Ce portail marque la conclusion de l’étude « Diagnostic de vulnérabilités pour augmenter la résilience wallonne à travers l’adaptation aux changements climatiques » (projet PRW-317), pilotée par l’Agence wallonne de l’Air et du Climat (AwAC) et menée par le consortium « ICEDD-ULg-UNamur-IsseP-JetPack » et qui a réuni 5 partenaires, 14 équipes et 40 personnes. Complémentairement à l’expertise présente dans le consortium, 30 ateliers et groupes de travail ont été conduits tout au long de l’étude. Les rapports de cette étude sont disponibles sur le site de l’AWAC.

« Si aucune adaptation n’est menée en Wallonie, les dégâts qu’engendreraient ces risques auraient des coûts matériels et humains importants » (Harchies, 2025).

Source : Portail Climat – AWAC

S’adapter, c’est réduire la vulnérabilité de nos systèmes humains et naturels en réduisant leur exposition aux aléas naturels et climatiques ou leur sensibilité à ces aléas afin de préserver leur intégrité et leur continuité.

Tout en maintenant ses efforts de mitigation du réchauffement climatique, il est de plus en plus urgent que la Wallonie s’engage dans son adaptation. Le niveau local est l’échelle d’action incontournable pour la mise en œuvre de plans d’adaptation. La Région et les communes peuvent –et doivent – dès maintenant mettre en place de nombreuses actions :

  • Cesser d’aggraver les risques (freiner l’artificialisation et l’imperméabilisation)
  • Réduire l’exposition et la fragilité (pilotis, isolation thermique, politique de soutien à la cohésion sociale, etc.)
  • Opter pour des solutions « sans regret », autrement dit, qui maximise les co-bénéfices sur la santé humaine, la biodiversité, etc.
  • S’appuyer sur les services écosystémiques pour rétablir les cycles naturels (eau, carbone) – et donc favoriser la santé des sols, la prévention des inondations, sécheresses)

Et mobiliser des moyens humains et financiers pour engager une politique d’adaptation ambitieuse de leur territoire. Alors que le conclave budgétaire va bientôt débuter, nous encourageons nos responsables politiques à :

  • Intégrer l’adaptation aux dépenses structurantes en réinterrogeant l’ensemble des investissements, en tenant compte de l’évolution du climat et des effets des dérèglements climatiques. C’est en étant vigilants et exigeants le plus en amont possible qu’il est le plus facile et le moins coûteux de garantir que les infrastructures, les populations et les écosystèmes seront robustes et résilients. Il est essentiel que les choix de développement économique tiennent compte des projections climatiques.
  • Mobiliser des budgets spécifiques pour l’adaptation afin de s’assurer que :
    • les actions concrètes d’adaptation (par exemple, les actions de désimperméabilisation et de végétalisation, l’accompagnement des acteurs des territoires, le déploiement de solutions d’adaptation fondées sur la nature, etc.) soient réellement mises en œuvre avec l’ambition nécessaire ;
    • les politiques publiques existantes qui contribuent à l’adaptation (politique de l’eau, de prévention du risque d’inondation, de prévention contre les incendies, de gestion des crises, etc.) disposent des moyens suffisants pour faire face à l’évolution des risques.
  • Consacrer du temps et des ressources humaines à l’élaboration d’une stratégie régionale et de politiques locales (Pollec) d’adaptation : la prise en compte effective de l’évolution du climat demande avant tout du temps (pour la pédagogie, l’animation et la conduite de projets) et de l’expertise.

« Le changement climatique risque d’affecter l’activité économique en Belgique de manière substantielle : de 2,8% à 5% du PIB pourraient être perdus à l’horizon 2050. » (Bureau Fédéral du Plan/Cerac, 2025).  Ce chiffre est une estimation qui « n’intègre pas les coûts potentiels d’un nombre important de facteurs, comme l’augmentation du niveau des mers, les potentiels points de basculement climatiques (changements en chaine et irréversibles), les effets sur la santé, les conséquences des atteintes à la biodiversité ou d’autres conséquences sociales et géopolitiques du changement climatique » (plan.be). L’addition a donc de grandes chances d’être nettement supérieure. En conclusion : la mise en place de politique d’atténuation et d’adaptation sont indispensables pour éviter de tomber dans le piège d’une économie punitive et inégalitaire.

Bibliographie :

Crédit image illustration : Adobe Stock

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