Ouverture de la chasse : revue de presse commentée

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De nombreux articles sont sortis dans la presse ces dernières semaines suite à l’ouverture annuelle de la chasse et au travail du collectif « Stop aux Dérives de la Chasse » sur la problématique des lâchers de petit gibier.

L’éternelle question du nourrissage

L’un des premiers sujets abordés a été l’incapacité des chasseurs à contenir l’évolution des populations de grand gibier dans La Libre et Le Soir, la veille de l’ouverture de la chasse. Le constat est clair : la chasse, telle qu’organisée actuellement, ne parvient pas à réguler les populations de sangliers. En 30 ans, les populations de sangliers ont triplé, causant un déséquilibre important dans nos écosystèmes, mettant en danger la régénération de nos forêts, des dégâts en zone agricole (pour 812.000 euros/an sur la période 2020-2022), des atteintes à la biodiversité et des dangers de sécurité routière en zones périurbaines. Cette surpopulation favorise également l’émergence de la peste porcine africaine et les risques économiques qui y sont liés. Vous retrouverez un dossier sur le sujet datant de 2016, mais toujours d’actualité sur le site de Canopea.

Toutes les décisions politiques en termes de chasse soient soumises à l’avis de la section « chasse » du pôle ruralité, certes, mais il faut savoir que celui-ci est composé principalement de chasseurs dont 15 sur les 16 présents sont membres du Royal Saint-Hubert Club de Belgique (RSHCB), principal syndicat des chasseurs qui ne souhaite aucune amélioration positive tant de l’image de la chasse auprès du grand public que des pratiques plus adaptées aux problématiques actuelles.

Malgré ce constat de surpopulation, certains chasseurs continuent de nourrir artificiellement le gibier, officiellement pour éviter les dégâts aux prairies et cultures en les maintenant dans les bois. Mais on sait que ce nourrissage, tel que pratiqué par certains, et sans réglementation suffisante, ne remplit pas sa fonction, mais permet en revanche de s’assurer d’une certaine abondance de gibier dès l’ouverture de la chasse.

Les dates d’ouverture de la chasse

Les nouvelles dates d’ouverture de la chasse ont été abordées par la RTBF ainsi que lors d’un débat sur MaTélé. Initialement ouverte du 1er octobre au 31 décembre, la chasse en battue est prolongée jusque fin janvier pour les 5 prochaines années. Pour Canopea, un décalage semblait bien plus pertinent qu’une prolongation. En effet, ces dernières années, la chasse a systématiquement été prolongée de manière « exceptionnelle » jusque fin janvier car les chasseurs ne parvenaient pas à atteindre leurs quotas de tir pour fin décembre. Ils n’arrivent plus à chasser correctement en octobre car, à cause du dérèglement climatique, il y a encore trop de feuilles dans les arbres, ce qui limite la visibilité. De plus, à cause des températures trop élevées, les mouches apparaissent rapidement sur la viande qui est dès lors difficilement valorisable. A cela, nous rajoutons que le mois d’octobre est propice aux balades dans des forêts aux couleurs automnales ainsi qu’à la cueillette des champignons. C’est aussi la période du brame du cerf, donc la période de reproduction de l’espèce. Pour le bien-être animal, il est en général interdit de chasser une espèce pendant sa période de reproduction… On fait donc une exception peu compréhensible dans le cas du cerf. Les raisons ne manquent donc pas de décaler la période de la battue au 15 octobre, voire même début novembre. Nous n’avons encore rencontré aucun chasseur opposé à cette proposition, tous semblent d’accord pour commencer la battue au 15 octobre, même les représentants du RSHCH. Les forestiers, les agriculteurs, l’administration, tant au DNF qu’au DEMNA, sont tous d’accord. Pourquoi, dès lors, cette proposition n’a jamais été retenue ? Il reste encore de nombreux mystères dans les décisions cynégétiques…

Les lâchers de petit gibier

Concernant les lâchers massifs de faisans et canards colverts, il y a eu un reportage radio sur Vivacité BW Matin du 25 septembre et un passage au journal parlé de la RTBF de 13h et de 19h30 du 26 septembre. Nous sommes de nouveau sur un sujet qui trouve de moins en moins de défenseurs, seuls quelques chasseurs prétendent encore que cette pratique a une quelconque utilité. Nous parlons ici de chasseurs qui importent, pour la plupart de l’étranger, des oiseaux d’élevages pour les relâcher par milliers sur des territoires où ils n’ont presqu’aucune chance de survie. Selon l’AFSCA, il y en a eu plus d’un million ces cinq dernières années. Cette pratique est déjà interdite en Flandre, mais toujours autorisée en Wallonie. Ces oiseaux, n’étant pas du tout adaptés à la vie sauvage, pourraient être ramassés à la main, votre chien ne les effrayerait pas. Cette pratique occasionne de nombreux désagréments pour les riverains, représente un risque de propagation de la grippe aviaire et déséquilibre complètement les écosystèmes. Si le repeuplement des populations de certains oiseaux, comme la perdrix ou le faisan, est souhaitable et bien organisé dans certaines régions par les chasseurs, les lâchers massifs pour le tir représentent une image désastreuse pour la chasse. Plusieurs communes, conscientes des impacts de la chasse sur leur territoire et leurs citoyens se mobilisent. Espérons que 2026 puisse voir la fin de ces méthodes de chasse d’un autre temps

Les chasseurs français félicitent Stop Dérives Chasses pour son travail

Et pour terminer, une petite pépite venue de chasseurs français qui semblent adorer le collectif Stop Dérives Chasse. Après un article qui vise à faire croire que le collectif souhaite la fin de la chasse, alors qu’il demande principalement une meilleure organisation de celle-ci afin d’atteindre les objectifs de réduction des populations de grand gibier, ils rectifient le tir (!) dans une vidéo pleine d’éloges ! Il faut tout de même préciser que les conclusions de l’auteur de la vidéo dérapent sur toute la ligne. S’il comprend bien que le collectif a une stratégie, il ne comprend, de toute évidence, pas laquelle. Non, le collectif ne souhaite pas tuer la chasse. Oui, les dégâts à l’agriculture posent des problèmes, de même que les dégâts à la forêt et à la biodiversité.

En conclusion

L’objectif de Canopea est de travailler main dans la main avec les chasseurs, les agriculteurs, les forestiers, les scientifiques, l’administration et les pouvoirs publics pour trouver les meilleures solutions aux problèmes de chacun. Nous n’y arriverons pas chacun de notre côté, il faut rétablir le dialogue.

Crédit image illustration : Adobe Stock

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