Si vous ne le faites pas pour le climat, faites-le au moins pour la sécurité routière

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Ce 16 décembre 2022, le Gouvernement wallon adoptait, en première lecture, le Plan Air Climat Energie (PACE) 2030. Une bonne nouvelle. Une décision plus que nécessaire (2030, c’est dans 7 ans …). Un nouveau plan proposant de belles avancées que l’on se doit de saluer. Mais aussi, hélas, une très grande déception : certain·e·s ne parviennent toujours pas à sortir de la contemplation apeurée du tabou Voiture.

Fin progressive du chauffage au mazout, mise en place d’un calendrier de rénovation thermique… les raisons de se réjouir de cette révision du plan précédent (adopté en 2019) ne manquent pas.

Les raisons de s’inquiéter ne font pas défaut non plus, hélas. Inquiétude, surtout, par rapport au régime d’exception implicite dont jouit encore et toujours la mobilité. Aucune mesure « de rupture » en la matière. Les mesures « carotte » ne manquent certes pas (poursuite du développement d’une offre structurante de lignes rapides de transport en commun, déploiement de zones apaisées dans les agglomérations, …). Et c’est très bien. Mais tout ce qui relève peu ou prou du « bâton » a été écarté.

Certaines personnes, jusqu’au sein du Gouvernement wallon, semblent ne pas pouvoir sortir de la contemplation apeurée de la voiture. S’y mêlent sans doute la crainte de l’opprobre auquel s’exposeraient celles et ceux qui lèveraient la main sur le tabou d’une part et l’adhésion à la « culture automobile », la passion de la voiture, l’adoration sincère du tabou d’autre part.

Soigner les excès du système de mobilité actuel est tout simplement – et malheureusement – impossible dans ces conditions. La réforme tant attendue de la fiscalité automobile ne verra manifestement pas le jour sous cette législature. La limitation des vitesses non plus… Alors que cette dernière mesure permet de limiter la consommation énergétique (bon pour le portefeuille), limiter les émissions de CO2 (bon pour le climat), limiter les émissions polluantes (bon pour la santé et la biodiversité) et limiter le nombre de victimes de la route (bon pour la sécurité routière).

Sur ce dernier aspect, il est nécessaire de tirer enseignement des expériences existantes. En France, l’’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) vient de réaliser le bilan de la décision prise par certains départements de relever à 90 km/h la vitesse maximale autorisée (VMA) sur tout ou partie de leurs routes bidirectionnelles hors agglomération sans séparateur médian. L’abaissement à 80 km/h avait été décidé pour des raisons de sécurité routière. Avec des effets bénéfiques avérés. Le relèvement à 90 km/h fut une décision délétère. L’ONISR est on ne peut plus clair : « Le relèvement de la VMA à 90 km/h sur 39 départements aura coûté 74 vies sur l’année 2021 selon une estimation basée sur le mois de la mise en application de cette décision. Ceci correspond à une hausse de la mortalité de + 13,1 %. Sur une année « classique » le relèvement de la VMA à 90 km/h sur 39 départements pourrait engendrer un nombre de tués supplémentaires de l’ordre de 89. »

Le refus de limiter la vitesse maximale autorisée ne met pas seulement en péril l’avenir de nos enfants (bouleversements climatiques). Il met également ceux-ci – et l’ensemble de la population – en péril dès aujourd’hui.

Si vous refusez d’abaisser la vitesse maximale autorisée pour le climat, faites-le au moins pour la sécurité routière !