Le projet

CAPT’Action évalue la pollution de l'air et le bruit à Namur

CAPT’Action est un projet de science citoyenne ayant pour mission d’évaluer la pollution de l’air et le bruit à l’échelle des quartiers namurois.

La « Science Citoyenne », aussi appelée « Science Participative« , est un outil reposant sur l’utilisation de méthodes scientifiques en partenariat avec des citoyen·ne·s. Cette participation, accessible à tou·te·s recouvre aussi bien l’élaboration du protocole, la récolte des données, la discussion autour des mesures effectuées, etc.

La pollution de l’air et le bruit ont des répercussions négatives sur la santé publique et sur le bien-être des riverains. C’est pourquoi, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande aux Villes de ne pas dépasser certains seuils de pollution pour ces deux nuisances.

Pour tenter de pallier ce problème et protéger au mieux la santé des riverains, la Région wallonne a défini des valeurs réglementaires à ne pas dépasser tant pour la qualité de l’air ambiant que pour le bruit.

A Namur, il existe une station de mesure de la qualité de l’air. Celle-ci est installée Place Maurice Servais dans le centre-ville. Les résultats sont disponibles sur le site Walonnair.

Concernant le bruit, il n’existe pas de mesures disponibles en temps réel. Il existe cependant une carte stratégique du bruit modélisant le niveau sonore théorique présent le long des axes routiers et ferroviaires principaux. Cette carte acoustique est disponible sur la plateforme WalonMap.

Mais tenez-vous bien qu’ensemble, à l’échelle citoyenne, nous pouvons aller un cran plus loin pour mettre davantage en lumière ces nuisances et demander la mise en place d’actions ambitieuses !

 
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Pour cette première expérience, la ville de Namur a été retenue ! En mai 2023, Canopea diffusa l’initiative du projet auprès de plusieurs quartiers namurois. Le quartier de Salzinnes fut celui manifestant le plus d’intérêt pour rejoindre l’action !

Plusieurs citoyen·ne·s et comités de quartier ont rejoint l’aventure depuis juillet 2023 afin de contribuer à l’amélioration de leur cadre de vie quotidien !

Dans les années à venir, Canopea souhaite étendre ce réseau de mesure dans d’autres villes wallonnes ! Intéressé·e de rejoindre l’aventure ? N’hésitez pas en en faire part par email à l’adresse info@canopea.be !

Pour toute autre question concernant ce projet, merci de les adresser à l’adresse p.jamar@canopea.be 

Mesures

Les capteurs mesurent en continu divers polluants atmosphériques

Les mesures sont effectuées à l’aide de capteurs fournis par l’entreprise Atmotrack.

Les capteurs mesurent en continu divers polluants atmosphériques tels que les particules fines (PM10, PM2.5, PM1), le dioxyde d’azote (NO2) et l’ammoniac (NH3). Le niveau de bruit ambiant est également mesuré en continu, ce dernier est exprimé en décibel (dB).

 

A l’issue d’un atelier de réflexion avec des habitants de différents quartiers de Salzinnes, trois emplacements ont été retenus pour la pose des capteurs. La carte ci-dessous reprend ces trois localisations ainsi que le nom attribué à chaque capteur (BLES / PATENIER / GODIN).

Les données mesurées par chaque capteur sont transmises au serveur en temps réel pour construire les figures ci-dessous.

La première série « Données Synthétiques » donne une information résumée pour celles et ceux qui désirent se concentrer sur l’essentiel. La deuxième section « Données Détaillées » permet d’obtenir une information plus nuancée; détail horaire des concentrations, respect (ou non) des recommandations OMS,…

A vous de choisir le capteur et l’intervalle de temps qui vous intéressent !

A vous de jouer !

NB 1:Par défaut, les valeurs affichées reprennent la moyenne des trois capteurs pour l’intervalle de temps spécifié en haut à droite de l’écran.
NB 2: Pour le dioxyde d’azote (NO2), cochez « NO2 CC » et non « NO2 » pour avoir des données plus précises.

 

Données Synthétiques

Données Détaillées

Informations polluants​

Tout savoir sur les polluants que nous analysons

Les informations ci-dessous détaillent les enjeux et sources de pollution associées à chaque polluant mesuré dans le cadre du projet CAPT’Action. Ces informations sont issues du Portail Wallonair et du site de l’AWAC.

 

La pollution de l’air par les particules apparaît au niveau européen comme la problématique environnementale ayant le plus gros impact en termes de santé publique et de coûts socio-économiques. Tentons de comprendre pourquoi dans les paragraphes ci-dessous !

Généralités et origines :

Solides ou liquides, les particules fines sont présentes sous forme d’aérosol dans l’air ambiant. Leur composition varie fortement selon la source de pollution mais on peut y retrouver des sulfates, nitrates, ammonium, du carbone, des composés organiques, des métaux, … Les sources anthropiques de cette pollution sont multiples mais voici les principales :

        • Processus de combustion: production énergétique, chauffage domestique, trafic routier, …
        • Usure des freins et des pneus (émissions hors-échappement)
        • Processus industriels: métallurgie, cimenteries, production d’engrais, extraction, …
        • Activités agricoles : aérosols provenant des épandages de fertilisants (nitrates d’ammonium), …
En Wallonie, la majeure partie des émissions de particules provient du secteur résidentiel (principalement le chauffage), suivi du secteur industriel et enfin le secteur des transports (émissions échappement + hors-échappement) et l’agriculture.
 

Évolution :

Les émissions de PM10 et PM2.5 sont en diminution depuis 2000. Une progression en partie due aux mesures d’abattement dans l’industrie, la fermeture d’installations sidérurgiques, la généralisation des filtres à particules, … Néanmoins, l’augmentation de la consommation de bois-énergie dans le secteur résidentiel entraine une augmentation des émissions pour le secteur résidentiel. En effet, la consommation de bois-énergie a plus que doublé entre 2000 et 2018.

Effets sanitaires :

Sur le court-terme : réactions inflammatoires des poumons, augmentation des affections cardio-vasculaires, …

Sur le long-terme : bronchites, asthmes, cancers …

La pollution particulaire augmente ainsi le risque de mortalité, de maladies cardio-vasculaires et même de cancer des poumons. Ainsi, notre espérance de vie s’en voit diminuer de plusieurs mois.

Leur caractère nocif découle de leur caractéristiques physiques (petite taille) mais également de leur composition (substances toxiques pouvant pénétrer dans le système sanguin).

Plus ces particules sont fines et dense dans l’air, plus elles présentent une menace environnementale (longue durée de vie et propagation dans l’atmosphère) et sanitaire (pénètrent profondément dans notre système respiratoire). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, il n’existe pas de seuil sous lequel les particules n’ont pas d’impact sur la santé.

Plusieurs études scientifiques ont montré que, lors d’épisodes de pics de pollution, il y a une augmentation du nombre d’hospitalisations et d’absentéisme au travail. Il y a également une perte de qualité de vie, tout particulièrement pour les personnes à risque comme les asthmatiques ou les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires.

Les plus petites particules, et donc les plus nocives, atteignent à peine quelques nanomètres (= millionièmes de millimètres), on les appelle alors « Particules ultrafines ».  Les particules fines sont quant à elles 1000 fois plus grosses que les « ultrafines », mais ne dépassent pas le millième de millimètre. On utilise alors l’échelle des micromètres [µm] pour les catégoriser selon leur taille. La plus grosse fraction est celle des PM10 désignant les particules inférieures à 10 µm, soit un centième de millimètre (PM vient de l’anglais pour Particulate Matter). Bien qu’il s’agisse de la « plus grosse » fraction de particules fines, les PM10 sont tout de même 6 à 8 fois plus fines qu’un cheveu ! On retrouve ensuite la fraction des PM2.5 (particules < 2,5 µm) et les PM1 (< 1 µm).

 

Généralités et origines :

La combinaison des oxydes d’azote (NO) et des dioxydes d’azote (NO2) constitue la pollution des oxydes d’azote (NOx).

Les émissions anthropiques proviennent majoritairement des processus de combustion (oxydation à haute température de l’azote) et les principales sources d’oxydes d’azote sont les secteurs gros consommateurs d’énergie. En Wallonie, le secteur des transports est ainsi responsable 37% des émissions anthropiques, suivi du secteur industriel responsable de 31 % des émissions.

En milieu urbain, là où les émissions du trafic sont prépondérantes, les concentrations en oxydes d’azote dans l’air peuvent même être considérées comme caractéristiques de la densité et des conditions du trafic.

Évolution :

En Wallonie, les émissions de NO2 ont fortement diminué sur les trois dernières décennies. On estime que la pollution de NOx a été réduite de 67 % entre 1990 et 2020. Cette diminution découle notamment de l’évolution de notre parc automobile soumis à des normes d’émissions de plus en plus strictes (normes Euro I à Euro VI). L’électrification progressive de certaines flottes de bus a également contribué à cette diminution.

Dans le secteur de l’énergie, la mise en service des centrales électriques (Turbine Gaz Vapeur) et la fermeture des centrales électriques alimentées en charbon a fortement réduit les émissions de ce secteur. Une diminution significative s’explique également par les fermetures d’industries liées au secteur de la sidérurgie.

Effets sanitaires :

Si le NO (monoxyde d’azote) est inoffensif aux concentrations rencontrées, il en est tout autre pour le NO2 (dioxyde d’azote) !

Le NO2 est un oxydant, irritant pour les voies respiratoires et tout particulièrement les bronches. Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres face à ce polluant. Les personnes souffrant d’asthme ou de pathologies respiratoires chroniques constituent en effet une population à risque. Chez l’enfant, l’exposition au NO2 augmente également la sensibilité aux agents pathogènes (virus, bactéries, …).

De plus, plus nous sommes exposés au dioxyde d’azote, plus le risque de contracter des maladies cardio-vasculaires (ou de décéder de celles-ci) est élevé.

NB : Au-delà de son impact direct sur la santé, le dioxyde d’azote est un précurseur de l’ozone (O3). En effet, le NO2 se transforme partiellement en ozone sous les rayons du soleil, on parle alors de photodissociation. L’ozone à basse altitude est considéré comme un polluant car, par son pouvoir oxydant, il a un impact négatif sur la santé, la végétation et les matériaux.

Envie d’en savoir plus ? Nous vous invitons à consulter la documentation relative au NO2 sur Wallonair ainsi que celle de l’AWAC.

 

Généralités et origines :

A l’inverse des polluants décrits précédemment, l’ammoniac provient essentiellement du secteur agricole. En effet, certaines pratiques agricoles telles que le stockage et l’épandage de lisier ou l’utilisation d’engrais azotés entrainent des émissions importantes de NH3.

Cependant, le secteur agricole n’est pas le seul responsable de ces émissions. Certains véhicules (ceux équipés de catalyseurs), des processus industriels, l’utilisation de certains détergents, décomposition de la matière organique (égouts, compostage, …), etc… contribuent également aux émissions totales de NH3.  

Enjeu environnemental :

Contrairement aux polluants abordés ci-dessus, l’ammoniac ne fait pas partie des substances prioritaires réglementées par la directive européenne concernant la qualité de l’air ambiant. Néanmoins, l’ammoniac contribue à l’acidification de l’environnement (au même titre que le SO2 et les NOx). En effet, lors de sa dégradation en nitrates, l’ammoniac acidifie l’air, les eaux de surface et le sol. Le bâti est également victime de ces substances lors d’épisodes de pluies acides dégradants bâtiments et monuments.

Les retombées d’ammoniac entrainent également des problèmes d’eutrophisation de l’environnement suite à l’accumulation d’azote (N). L’azote est une substance nutritive. Lorsqu’il est présent en trop grande quantité dans un milieu aquatique, il entraine la prolifération d’algues en surface qui s’en nourrissent.

Effets sanitaires :

Quant aux impacts sanitaires, l’ammoniac n’a pas d’effet toxique sur la santé s’il est présent en faible concentration. Il peut néanmoins arriver qu’il se dégrade en sels d’ammonium, atteignant la taille des particules fines et occasionnant ainsi les mêmes problèmes de santé publique que ceux évoqués plus haut (voir rubrique « Particules fines ».

Évolution :

Les émissions de polluants acidifiants (SOx, NOx, NH3) ont diminué de deux tiers entre 1990 et 2020. Des diminutions significatives ont eu lieu dans les secteurs suivants :

      • Énergie: – 93 % grâce à l’utilisation croissante de gaz naturel en remplacement de combustibles plus émetteurs comme le charbon et à la fermeture des centrales électriques alimentées au charbon, mise en service des centrales électriques TGV (turbine gaz vapeur), ;
      • Industrie: – 81 % grâce à l’installation des systèmes de désulfurisation des fumées de combustion, fermeture de certains outils particulièrement polluants (cokeries, installations sidérurgiques…) ;
      • Résidentiel: – 80 % notamment grâce à la mise sur le marché de chaudières plus performantes ;
      • Transport routier: – 76 % grâce à l’abaissement de la teneur en soufre du diesel et du fuel lourd, l’amélioration des performances des moteurs (normes EURO), généralisation de l’utilisation de pots catalytiques, … ;
      • Agriculture:  La diminution plus modérée des émissions de NH3 (- 25 %) s’explique quant à elle essentiellement par la diminution de la taille du cheptel bovin et la réduction des quantités appliquées de fertilisants azotés.

Envie d’en savoir plus ? Nous vous invitons à consulter la documentation relative au NH3 sur le site de Bruxelles-Environnement et sur le site de l’Etat l’environnement wallon

 

Les informations reprises dans les paragraphes suivants sont extraites des analyses de Canopea sur la pollution sonore : « Le bruit, ce son devenu nuisible pour la santé », « Investissons dans l’environnement sonore » et « Perception du bruit en Wallonie ». Le lecteur intéressé par la thématique trouvera de nombreuses sources utiles dans ces articles.

Généralités et origines :

Quand nous parlons de « pollutions », nous pensons souvent à ces fumées jaillissant de l’échappement de nos véhicules, à ces nuages noirs rejetés par les cheminées de nos usines, à ces déchets ménagers égarés dans la nature, à ces eaux sales dans lesquelles on ne peut plus se baigner… Néanmoins, d’autres types de pollutions existent. Certes moins palpables, moins médiatisées, mais tout autant nuisibles et nocives. Parmi ces « autres » pollutions figure le BRUIT. Selon l’Agence européenne pour l’environnement (EEA), 20% de la population européenne est exposée à des niveaux de bruits néfastes pour la santé1. Les transports (trafic routier, ferroviaire et aérien) constituent la source principale de pollution sonore.

Effets sanitaires :

Agacements, troubles du sommeil, maladies cardiaques, mortalité prématurée, troubles cognitifs infantiles,… les externalités négatives liées au bruit sont nombreuses ! A la demande des Etats membres de l’UE, l’OMS propose donc en 2018 des recommandations pour protéger la santé humaine de l’exposition au bruit 4. Ces lignes directrices donnent des orientations souhaitables pour notre bien-être. Parmi les recommandations pour limiter l’exposition au bruit figurent les valeurs-seuils suivantes :

Les valeurs limites de bruits fixées par l’Arrêté du Gouvernement Wallon du 22 décembre 2016 pour les grands axes routiers sont bien moins ambitieuses que celles préconisées dans le dernier rapport l’OMS sur le sujet. Ce décalage, illustré dans le tableau ci-dessous, pose question ! En effet, les risques d’hypertension, de maladie coronarienne et d’accident vasculaire cérébral augmentent à partir de 50-55 dB(A) Lden, tandis que des effets du bruit sur le sommeil sont observés en deçà de 40 dB(A) Lnight.

Évolution :

Le graphique ci-dessous reprend l’estimation du nombre de belges exposés à des niveaux de bruit supérieurs aux valeurs-seuils définies par la Directive européenne. Qu’il s’agisse de l’exposition moyenne (LDEN en jaune) ou de l’exposition nocturne (LNIGHT en bleu), le trafic routier occupe la 1ère place du podium des nuisances depuis le début des mesures en 2007. En 2017, nos transports routiers ont ainsi exposé plus de 2 millions de personnes à des niveaux sonores jugés néfastes pour leur santé (Lden ≥ 55 dB).

Concernant la Wallonie, près de 660 600 habitants (18,7 % de la population wallonne) sont exposés à plus de 55 dB(A) Lden (données 2017) le long des axes routiers dont le trafic dépasse 3 millions véhicules/an, en ne considérant que cette seule source de bruit. Quant à l’exposition sonore nocturne liée à cette même source, près de 556 000 habitants (15,8 % de la population wallonne) y sont exposés à plus de 50 dB(A) Lnight. La figure ci-dessous reprend la répartition de cette exposition selon le niveau sonore (dB(A)) ainsi que la période considérée (LDEN, LNIGHT).

 

Médias

CAPT’Action en action Salzinnes

Les micro-capteurs ont été placés Place Maurice Servais en début de projet afin de comparer les mesures avec les données de la station de référence (ISSeP) située à proximité. Les données collectées par la station télémétrique sont consultables en temps réel sur le Portail Wallonair.

 

Pour la suite du projet, les micro-capteurs sont installés dans le quartier de Salzinnes à Namur. Les emplacements ont été sélectionnés à l’issue d’un atelier de réflexion réunissant différents comités de quartiers.

C’est ainsi qu’un micro-capteur est installé sur la façade de la Pharmacie située Place Godin, un autre micro-capteur se situe sur la façade d’un ménage de la Rue Henri Blès et le troisième capteur a trouvé sa place dans la Rue Patenier sur la façade d’un commerce de proximité.

Partenaires​

Ce projet est soutenu financièrement par la Région wallonne.

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