Projet « Transparence » : d’où viennent les pesticides retrouvés dans les maisons ?

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Les sources d’exposition aux pesticides sont variées. En effet, de nombreux pesticides et biocides sont utilisés délibérément à domicile (comme la perméthrine en diffusion dans les prises anti-moustique), ou amenés par l’alimentation, la rénovation, le traitement des animaux domestiques. Ces molécules représentent un faible tonnage mais une exposition considérable des individus. Si l’agriculture est fréquemment pointée du doigt en matière de pesticides, les molécules les plus problématiques et auxquelles les riverains sont le plus exposés ne sont pas nécessairement celles que nous croyons. Par exemple, la perméthrine, interdite comme pesticide agricole, est autorisée comme médicament, comme produit vétérinaire et comme produit biocide. De nombreux sites en ligne proposent des produits à base de perméthrine, parfois sans même mentionner la substance active présente dans le produit, ni aucune indication de sécurité (« utilisation sans risque dans toute la maison »). Or, selon le biomonitoring wallon, plus de 90% des Wallon·ne·s ont des traces de pyréthrinoïdes dans leurs urines. Les impacts de ces molécules sur la santé, et plus particulièrement leur neurotoxicité, sont largement décrits dans la littérature (Rapport de l’INSERM,2021) et dans ce résumé.

Il y a en outre très peu d’informations publiques sur l’utilisation réelle de ces produits (phytopharmaceutiques, biocides ou produits vétérinaires). Coté agricole, les seules données que nous possédons sont les données de ventes de substances actives agrégées à l’échelle nationale. Coté biocides, le consommateur n’est pas informé des produits qui sont utilisés chez lui lors de rénovations, d’entretiens du jardin, de soins vétérinaires… Si vous avez effectué des travaux, il est fort probable que le bois de construction utilisé ait été traité avec des fongicides et des insecticides. En plus, selon une enquête du Service Public de Wallonie sur l’usage des pesticides par les ménages wallons, en 2022, 43% des personnes interrogées utilisent effectivement des produits phytopharmaceutiques (intérieur ou extérieur). Ce chiffre est en nette augmentation (seulement 23% en 2019 et 22% en 2016).

Nous n’avons donc pas les outils nécessaires à la mise en évidence d’un potentiel problème. Aucun lien avec la santé ne peut être fait vu qu’on ne sait pas ce qui est utilisé et à quel endroit. C’est pourquoi nous avons décidé de mener un projet de science citoyenne, le projet « Transparence ».  Ce projet a pour but de mettre en évidence ces incohérences et ces manquements en analysant les pesticides présents dans les poussières de maisons et en recherchant les sources potentielles de contamination.

Le projet s’est déroulé sur les communes d’Andenne, Wasseiges et Fernelmont, communes wallonnes ayant fait l’objet d’un battage médiatique à la suite de l’inquiétude de médecins de la région. Un nombre anormal de cancers serait constaté dans un même quartier. Le suspect ? Les pesticides agricoles abondamment utilisés dans cette région de grande culture. Des études épidémiologiques ont dans un second temps démenti ces informations, il n’y aurait pas plus de cancers à Fernelmont qu’ailleurs. Mais les inquiétudes demeurent comme le témoigne le film ZUT : Zone Urgente à Transformer, un film de François de Saint Georges sorti en 2022. Les citoyens ont la volonté de mieux comprendre leurs expositions.

Découvrez donc le projet « Transparence » et les résultats de cette étude.

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